Archive for the 'Horreur/Fantastique anglais' Category

The descent : part 2

avril 17, 2011

Réalisation : Jon Harris
Scénario : James McCarty, J. Blakeson pis James Watkins
Pays : Royaume-Uni
Sortie : 2010 en Amérique du Nord

The descent, c’est un des films les plus épeurants que j’ai jamais vu. J’ai un faible pour les petits humanoïdes vicieux qui vivent au fond des cavernes. Anyway, en apprenant l’existence d’une suite, je peux pas dire que j’ai été content. Le premier était tellement bon qu’on pouvait juste le gâcher en faisant une sequel. Mais c’est comme ça, pis hier j’avais envie d’écouter un film sans me forcer, pis The descent : part 2 m’a semblé un bon candidat.

Résumé

Ça commence là ou le premier se termine (dépendament de quelle fin vous avez vu : celle où Sarah se pousse pis retrouve la route, ou celle où elle se réveille encore dans la caverne) : Sarah se fait embarquer par un truck pis elle se ramasse à l’hôpital. Le sheriff de la place, qui organise les recherches pour retrouver les 5 filles disparues depuis deux jours, va la voir. Y la soupçonne, parce qu’elle est la seule survivante pis qu’elle est pleine de sang. Mais le problème, c’est que se souvient de rien. À ce moment-là, la sheriff adjointe juge que c’est pertinent de lui rappeller que sa fille est morte, juste demême, tsé. Sarah capote pis toute. Comme si c’était pas assez, le sheriff oblige Sarah à venir avec eux dans une grotte louche que l’équipe de recherche a trouvé. La grotte est sous une ancienne chapelle. D’après un vieux monsieur qui traîne là sans qu’on sache pourquoi, le trou mène en enfer. Mais y décident d’y aller pareil. En bas, des images pas nices reviennent à Sarah, qui pète une coche pis qui se pousse toute seule. Les autres savent pas ce qui se passe pis se font attaquer par des humanoïdes; en fait, c’est comme dans le premier. Le monde meurt un à un. Mais, revirement de situation : Juno est pas morte, pis elle en veut à Sarah, on comprend pourquoi, elle l’a pioché dans la cuisse pour pouvoir sauver sa peau. Anyway.

Critique

On va se mettre d’accord sur une chose : les scénario, c’est pas fort. Ça a pas dû être ben ben compliqué écrire ce film-là; les dialogues pis les personnages sont pas crédibles – surtout pas la relation Sarah/Juno – pis en gros, c’est la même histoire mais avec du nouveau monde à tuer. Pis ça se renouvelle pas : toujours les mêmes façons de faire peur pis de faire sursauter, toujours un monstre derrière nous ou un bruit qui révèle notre position. Un peu comme Paranormal activity 2 : ça fait peur, mais vu que c’est pareil au 1er, on s’en crisse un peu. Y manque aussi la surprise, parce que les petits monstres, on les a déjà vu pis on sait à quoi on a à faire. En plus, le film joue sur les même ressorts narratifs : y a un éboulement, le groupe se sépare, quelqu’un se blesse, l’issue est bouchée, etc. J’aurais aussi aimé en apprendre plus sur les petits bonshommes méchants, mais bon.
Mais y faut pas regarder ça en espérant que ça soit la même chose que le premier. C’est juste un autre traitement, pis j’ai apprécié le film malgré tout. Parce que c’est vraiment plus gore que l’original. On voit plein de liquides gicler : du sang, de la glue d’humanoïde, du vomit pis même du caca de petit monstre des cavernes – la scène de défécation est d’ailleurs crissement excellente pis comique. C’est là que je veux en venir : le premier était super sérieux, mais le deuxième m’a fait rire aux éclats. Dans les highlights gore, y a : une tête écrasée sous une grosse roche, un bras coupé à coup de pic d’escalade pis le bout où du sang de cadavre coule dans la bouche de quelqu’un. Ça rappelle un peu Drag me to hell de ce point de vue là (genre, fluide corporel qui entre là ou y faut pas).
J’ai vu plein de mauvaises critiques qui chialent sur la fin du film. Évidemment que c’est pas très bon, mais je pense pas que c’était le but. Personnellement, quand j’ai vu ça, j’ai éclaté de rire., parce que je m’attendais à quelque chose – ça peut pas finir aussi bien – mais pas à ça. Oui, ça a pas rapport, mais au moins c’est drôle.

Verdict

J’hésite. Pas recommancé pour ceux qui veulent dequoi d’aussi bon que le premier. Recommandé pour ceux qui veulent un film léger avec du bon gore. C’est très très loin d’être un bon film, mais j’ai été capable de passer un bon moment pareil.

Le parasite (The parasite), par Ramsey Campbell

avril 5, 2011

Parution : 1980
Roman
405 pages

Dans Anatomie de l’horreur, Stephen King dit que Ramsay Campbell, c’est un malade. Vu qu’y avait eu raison pour Shirley Jackson pis The haunting of Hill house, j’y ai fait confiance encore une fois. J’ai trouvé Le parasite dans une librairie de seconde main, pis le cover m’a complètement charmé, vous savez pourquoi.

« Que c’est-il passé cette nuit-là entre Peter Grace, le fondateur de la secte, et ses disciples ? Que comptait-il faire de l’enfant qu’on lui avait amené ? Nul ne le sait. Car on retrouva le cadavre de Peter, la nuque brisée, et ses disciples s’enfuirent, soulagés qu’il ait emporté son secret dans la tombe.
La théorie était pourtant d’une redoutable simplicité : lorsqu’on est capable de quitter son propre corps par projection astrale, on peut aussi pénétrer le corps d’un autre individu, à condition de dominer sa personnalité. Un très jeune enfant par exemple, est un excellent sujet…
« Un tel individu peut-il vraiment mourir ? » se demandait Rose qui se sentait étrangement impliquée dans cette sinistre histoire. »

Résumé

Facque c’est l’histoire de Rose pis Bill, un couple de profs de cinéma qui écrivent des livres ensemble, dans le genre de Gare aux patrouilles sodomites, une compilation des pires répliques au cinéma. Y vont rencontrer leur éditeur américain, Jack, à New York, où y rencontrent aussi Diana, une tireuse de tarot qui trippe sur les shits ésotériques. Rose se fait attaquer par un homme bizarre mais grâce à l’intervention de Diana, elle s’en sort avec rien qu’une poque sur la tête. Dans les semaines qui suivent, elle fait des rêves étranges pis elle a des genres de prémonitions. Avec l’aide de Diana, elle découvre qu’elle peut faire de la projection astrale, c’est-à-dire quitter son corps pi chiller n’importe où. Rose, pas certaine qu’elle aime ça, consulter un psychiatre, Colin, quoi est aussi son voisin. Sauf que Bill aime pas Diana pis ses niaiseries parapsychiques, ce qui cause des problèmes dans leur couple. Pis lors d’une rencontre avec un vieux réalisateur allemand, Rose entre en possession d’une lettre inédite de Hitler, dans laquelle il affirme avoir trouvé l’immortalité par la projection astrale, ou dequoi demême. Après ça, les visions de Rose se font plus fortes pis angoissantes, elle commence à avoir des hallucinations pis elle se sent suivie. C’est encore pire quand elle lit le livre Viol astral, conseillé par Diana. Elle apprend l’histoire de Peter Grace, un genre d’illuminé du XIXe siècle qui était obsédé par l’immortalité, peu importe son prix. Ses disciples pensent qu’y voulait s’incarner dans le corps d’un bébé naissant, mais y a pas de preuve, sauf un cadavre, celui de Grace. En attendant, son esprit serait pogné dans la maison où a eu lieu le rituel. Rose se sent en danger pis elle sait pu à qui faire confiance, surtout que Bill est de plus en plus distant. Blablabla.

Critique

Je peux pas dire que j’ai aimé ça, Le parasite. J’ai eu l’impression que y avait quelque chose d’accrocheur dans le début, pis ça me tentait de lire ce qui allait se passer. Mais à un moment donné, ça s’essouffle, pis le suspense se dilue pour appraitre à des moments un peu random. Le prologue nous donne pas mal le dénouement, qu’on voyait venir de loin. L’idée de ploguer Hitler, chu pas sûr. Comme si donner un ancrage pseudo-historique au surnaturel rendait ça plus crédible. Je me suis dit « Sérieux, ça se peut pas qu’elle ait l’âme d’Hitler en elle, ça serait ben trop n’importe quoi. » J’avais raison, parce que toute la patente d’Hitler sert pu à rien après qu’on ait entendu parler de Peter Grace. Mais bon, je pense juste que les histoires de voyages astraux me plaisent pas tant, à la base.
J’ai remarqué autre chose, qui m’a un peu tapé sur les nerfs : au début, lors d’une soirée chez Colin, un sud-africain émigré au Royaume-Uni. Un des personnages, nommé Des, chiale contre l’apartheid : « Ouais, c’est toujours le même putain de système, là-bas comme partout. On se constitue une classe ouvrière exactement comme on élève du bétail, en s’arrengeant pour qu’elle n’ait pas trop d’ambition. » Pi ainsi de suite. Ensuite, Colin défend l’apartheid : « Il est des peuples qui sont en mesure de brûler des étapes, mais pas les Noirs. La plupart d’entre eux vont même jusqu’à refuser une éducation obéissant aux critères de l’homme blanc. » C’est tellement colonialiste que c’en est terrible. Le problème, c’est que la blonde de Des vient s’excuser pour lui à Colin, comme si c’était lui qui était dans le tort, comme si l’auteur trouvait ça normal pis endossait le point de vu de Colin. Anyway.
J’ai trouvé que le couple Rose/Bill assez sympathique. Y étudient le cinéma, mais d’une façon ludique pis accessible, y s’entendent ben pis y écrivent ensemble. Y sont genre parfaits, mais pas gossant dans leur perfection. Pis quand leurs rapports se dégradent, c’est bien représenté pis assez progressif pour que ça soit crédible. Je me retrouvais dans Bill, parce que si ma blonde me parlait de voyage astral, je pense pas que je serais très patient. En tout cas, je me sentais ben mal pour Rose quand elle découvre que Bill l’a trompée avec une étudiante.
L’écriture de Campbell a quelque chose d’intéressant, notamment dans les descriptions. Stephen King dit que ses décors sont comme ceux qu’on peut voir dans un trip de LSD, ce qui est pas totalement faux :

« Rose se hâta de sortir du Centre d’Études sur la Communication : son sous-sol offrait l’aspect d’une ruche de téléviseurs bourdonnants et clignotants. Le monde opérait sa transmutation de fin d’après-midi. Les bâtiments de béton prenaient les nuances intimistes d’un feu couvant sous la cendre. Sur les tertres, les pelouses étaient rasées de près; chaque brin d’herbe accrochait séparément son rayon de lumière. Le lierre sur l’arrière des immeubles d’Abercromby Square était une cascade figée de flammes orange. Un ciel de givre cristallin voyait son azur insondable se teinter subrepticement de vert pâle. Rose n’aspirait qu’à rentrer chez elle pour faire le tri dans ses pensées. »

Toutes les descriptions sont originales pis utilisent – la plupart du temps – des images isolites. Des fois, on sent que c’est un peu forcé, à moins que ce soit la traduction, mais en général, c’est cool. Mais je vais revenir là-dessus.
Le roman fait pas vraiment peur. Le bout où Rose lit Viol Astral est un peu angoissant, pis quand elle est seule dans sa maison, on réussit à bien sentir sa peur. Ça empêche pas que ça soit un peu gros, toute l’histoire avec la secte, pis la confrontation finale avec Grace, le retournement de situation, pis l’autre retournement de situation. Y manque un petit quelque chose qui rendrait ça intéressant, à mon sens.

Analyse

Dans Le parasite, y a deux grandes lignes directrices qui mènent à l’horreur : d’un côté, y a la découverte en soi de quelque chose d’effrayant; de l’autre, la paranoia, comme dans Rosemary’s baby. On pourrait probablement interpréter la première comme le ressurgissement d’un épisode traumatisant de l’enfance en remplaçant le prologue par, mettons, un viol, ou dequoi demême. Ça aurait à peu près les mêmes répercussions sur le personnage. D’ailleurs, Rose avait pu aucun souvenir de ça, comme si elle avait refoulé un souvenir particulièrement troublant. C’est ben beau tout ça, mais l’autre piste me semble plus intéressante.
La paranoïa parcourt le roman du début à la fin. Rose devient de plus en plus méfiante pis elle se sépare de plus en plus des autres. Elle se met à imaginer du monde qui la suivent pis toute. Même qu’elle finit par s’aliéner son propre mari, avec qui elle s’entendant si bien au début. À la fin, quand elle est rendue seule, c’est là qu’elle découvre qu’elle doit se méfier aussi d’elle-même, parce que son corps porte un autre esprit que le sien, celui de Grace. On peut pas vraiment imaginer dequoi de plus terrifiant que de pu pouvoir se fier à personne, même pas à soi-même. Ça s’appelle la folie, ça. Mais si je trouve la paranoïa intéressante, c’est parce qu’elle transparait dans l’écriture de Campbell :

« Un coussin de vent s’appliqua sur le visage de Rose lorsqu’elle tourna au coin de Viktualienmarkt qui résonnait comme une volière du claquement des bâches abritant les étals du marché. Le vent tentait de lui couper le souffle, de lui tirer la tête en arrière par les cheveux; il s’introduisait dans ses manches, s’aggripait à l’ourlet de ses jeans, lui plaquait les cheveux dans la figure. »

Ici, on voit clairement que le vent est personnifié, comme si y était vivant pis doté d’une volonté propre. Pis cette volonté-là, ben elle essaie de faire chier Rose, elle est contre elle. Pis c’est pas juste dans ce passage-là : dans tout le roman, les objets sont décrits par personnification pis sont toujours – ou presque – montrés comme menaçants. Facque on a l’impression que le monde entier conspire contre Rose, ce qui est pas faux, finalement :

« Rose traversa la gare en courant. Une masse de gens tentait de lui bloquer la route : elle n’était pas une voleuse ! Leurs bagages étaient tapis à leurs pieds comme des chiens prêts à lui sauter aux mollets. Dans les hauteurs, la voix suave de la géante rebondissait : elle émanait sans doute d’une créature à la sollicitude aussi désintéressée que terrifiante. »

À un moment du récit, Rose réalise qu’elle agissait comme une folle depuis le début. C’est un des bouts les plus chokants, parce quand on est fou, personne nous croit (voire Shutter Island) :

« Inutile de se cacher la vérité; depuis l’aggression dont elle avait été victime à New York, la ressemblance de son comportement avec celui d’une folle n’avait cessé de s’accentuer.
Tout de suite ses souvenirs s’emboitèrent. L’artifice qui lui avait fait décrire, par lettre, à Diana, ses expériences en les attribuant à quelqu’un d’autre… n’était-ce pas un symptôme de schizophrénie ?
Récemment, n’avait-elle pas eu l’impression d’agir à la troisième personne ? Et qu’en était-il de sa paranoïa ? »

Tout le récit, pis surtout la fin, a des allures de délire paranoïaque. Même l’écriture, qui vient rendre tout ça angoissant.

Verdict

Pas recommandé. C’est trop long pour pas grand-chose, finalement. Peut-être qu’un autre de Campbell ferait l’affaire, mais pas celui-là.

Black death

mars 9, 2011

Réalisation : Christopher Smith
Scénario : Dario Poloni
Pays : Royaume-Uni, Allemagne
Sortie : 2010 au Royaume-Uni, 2011 en Amérique du Nord

J’ai remarqué quelque chose : dans le monde du cinéma d’horreur, on considère comme des films d’horreur des films pas d’horreur mais de réalisateurs qui sont renommés dans le milieu. Par exemple : Adam Green avec ses Hatchet. Y réalise Frozen, que toute la communauté de l’horreur a vu pi aimé. Si ça c’est de l’horreur, pourquoi pas 127 hours ? Danny Boyle a réalisé 28 days later, quand même. Même chose avec Christopher Smith : la succès de Triangle fait qu’on va regarder Black death comme si c’était un film d’horreur. Mais bon, je chiale pour chialer. J’avais quand même envie de le regarder Black death, pour voir si c’était aussi bon que tout le monde le disait.

Résumé

En 1348, pendant la peste en Angleterre, un soldat à la solde de l’Église, Ulric (nom médiéval par excellence, pi joué par Boromir lui-même), est envoyé investiguer à propos d’un village qui est pas touché par la peste pi qui est réputé avoir fait un pacte avec les forces du mal pour éviter la maladie. Y engage un jeune prêtre, Osmund (le même gars pi le même rôle que dans The pillars of the earth). Osmund, malgré sa foi, a quand même une blonde, qu’y a envoyé se réfugier dans la forêt pour éviter la peste. Anyway : y les guide jusqu’au village, où y sont chaleureusement accueillis par les habitants, qui sont quand même un peu louches, vu que les derniers soldats qui ont été envoyés sont pas revenus. On remarque assez rapidement que le village a délaissé le dieu des chrétiens pour se livrer à des rituels païens, ce qui les sauverait de la peste, supposément envoyée par Dieu pour punir les hommes. Ulric veut tuer les hérétiques, les hérétiques veulent tuer Ulric; Osmund, lui, veut juste retrouver sa blonde, même si y doit renier Dieu pour ça.

Critique

On a pas un film fantastique ici. L’horreur flotte dans l’air pi dans la tête des gens superstitieux, mais y a rien de vraiment surnaturel, à part la bêtise humaine. Mais on se lancera pas là-dedans.
Ça saute aux yeux dès le début : toute l’horreur pi la crasse du Moyen-âge pi de la peste sont vraiment ben rendues. On se sent sale pi inconfortable juste à le regarder. Tout le contraire d’un film similaire mais pourri, Season of the witch.
Visuellement, c’est assez beau; l’atmosphère est vraiment inquiétante du début à la fin, avec de la brume en masse pi de la pluie battante. Ça rappelle un peu Valhalla Rising, mais en moins beau, évidemment.
Sean Bean est parfait dans le rôle d’un chevalier brainwashé par l’Église. Le personnage est pas nuancé du tout, ce qui facilite un peu la tâche à Bean qui se concentre sur son look badass, réussit à merveille. Eddie Redmayne, lui, fait aussi une bonne job pour incarner Osmund, malgré sa voix de Batman qui me tappait un peu sur les nerfs. La scène, au tout début, dans laquelle y retrouve sa blonde qui le pensait mort est assez réussie pi émouvante. Bien jouée, bien dialoguée. J’ai moins aimé le personnage de Langiva, l’espèce de prêtresse trop blonde pi trop Galadriel-esque.
La caméra nerveuse fitte vraiment ben avec l’ambiance de danger pi de menace qui plane sur tout le film. On sait jamais quand y va se passer dequoi pi on est tout le temps sur le qui-vive. Pi les scènes d’actions sont quand même cools pi très violentes : la décapitation à l’épée pi la morsure à la jugulaire sont malades. Sans oublier l’écartèlement – même si y faisait un peu trop Mel Gibson pi « Freedooooooom! ».
L’espèce de twist à la fin était pas nécessaire, à mon sens. Ça fait trop punch plogué. Mais la séquence qui suit est sick, quoiqu’un peu maladroite. Cette fin-là est excellente mais un peu boiteuse sur le plan formel. Crissement pessimiste, elle remet en question l’interprétation qu’on fait du film tout en rachetant les quelques moments longuets de la deuxième moitiée.

Analyse

Black death m’a fait l’impression d’un Season of the witch réussit. En plus de se passer au Moyen-âge pi pendant la peste pi de partager les thèmes de sorcellerie pi de superstition, les deux films présentent une réflexion – très maigre dans le cas de Season of the witch – sur la foi. Dans ce film-là, la réflexion passe par le personnage principal (Nicholas Cage) qui réalise que l’Église y demande de tuer aveuglément en son nom. Dans Black death, la réflexion se fait pas dans les personnages, mais plutôt sur le spectateur. Le scénario nous présente les excès du discours religieux dogmatique, mais aussi ceux de l’hérésie qui hésite pas de tuer pour sa « liberté ». Le film prend pas position, il montre : sous la torture, ni les chrétiens ni les hérétiques renient leur dieu. Leur foi est aussi forte même si chacun considère celle de l’autre comme sacrilège. C’est à nous de conclure.
On peut quand même voir que les personnages chrétiens vivent dans une constante culpabilité, étant donné qu’y pensent que la peste est une punition de Dieu. On peut penser à la scène où sa blonde de Osmund y demande d’une voix vraiment angoissée si c’est de sa faute, la peste. L’Église est présentée assez négativement, son pouvoir étant basé sur la peur pi la culpabilité des croyants. L’Église est aussi porteuse de mort, quand on se rend compte à la fin que Ulric est touché par la peste pi qu’y l’a emmenée au village. D’une certaine façon, c’est un genre d’anti-prophète.
La blonde de Osmund est une figure virginale, avec son cheval blanc pi toute. Quand y la perd, y perd sa vraie foi pour tomber dans la barbarie pi la vengeance pseudo-motivée par l’Église.

Verdict

Recommandé, même si c’est pas aussi bon qu’on le dit. Sur l’échelle des films récents qui proposent une réflexion sur la foi dans un contexte médiéval, Season of the witch comptant pour zéro pi Valhalla Rising pour 10, je donne un beau 7 à Black Death, pour sa violence, son atmophère pi son pessimisme.

L’indésirable (The Little Stranger), par Sarah Waters

janvier 15, 2011

Éditeur original : Virago Press, 2009
Traduction française : 2010, par Alain Defossé
Éditions Alto
572 pages

J’ai trouvé ce titre-là dans La Presse, cahier Suggestions de cadeaux de Noël. C’est pas ben glorieux, mais bon. Un livre de maison hantée récent pi ben critiqué, ça se refuse pas. Surtout pas avec des commentaires demême : « Un conte délicieusement hanté par l’esprit de Henry James et celui d’Edgar Allan Poe. Une histoire de revenants pleine de grâce et d’intelligence. » C’était parfait pour aérer mes lectures du temps des fêtes.

« Hundreds Hall n’est plus que l’ombre de lui-même ; depuis longtemps les glaces ternies ont cessé de refléter ces fêtes qui animaient le manoir au temps de sa splendeur. Victime elle aussi des ravages de la Seconde Guerre mondiale et des tensions qui déchirent le tissu social de l’Angleterre, la famille Ayres, qui habite Hundreds depuis des générations, est abandonné à son triste sort. Malgré la débâcle, la mère tente de cacher son infortune tandis que le fils, blessé au combat, peine à assurer la relève, aidé par sa sœur, Caroline, une femme vive et indépendante.
Venu un jour s’occuper d’une domestique souffrante, le docteur Faraday, qui a connu enfant la belle époque du manoir, se lie bientôt d’amitié avec la famille. Il sera avec elle témoin d’une succession d’évènements de plus en plus effrayants. Se peut-il que les Ayres, hantés par les souvenirs d’une vie révolue, soient aussi tourmentés par une autre présence rôdant dans les corridors de Hundreds Hall ? »

Ça fait beaucoup penser à The house of seven gables (Nathaniel Hawthorne). Là aussi, c’est l’histoire d’une famille aristocrate sur son déclin. Là aussi, c’est très lent pi le fantastique reste en arrière-plan. Pi là aussi, y a une belle finesse psychologique. Dans les deux romans, les personnages sont tout petits comparé à la maison, qui est montrée comme dominatrice. Comme le chronotope du château gothique – merci, Bakhtine -, la maison garde des traces pi des souvenirs des différentes époques qu’elle a traversé, devenant un lieu où les temporalités se mélangent. Fini, la comparaison.

C’est vrai que c’est très lent. Ça prend plus de 150 pages avant que dequoi de bizarre arrive, pi un autre 100 pages avant qu’une deuxième affaire bizarre se produise. Mais c’est essentiel, d’après moi, de bien connaitre les personnages pour qu’on puisse vraiment entrer dans l’histoire; ça rend l’intrigue ben plus intéressante si on a l’impression d’être proche d’eux.

Facque ça prend du temps à démarrer, pi une fois démarré, ça reste assez discret, un peu à la Haunting of Hill House (Shirley Jackson). La maison est pas hantée par des spectres, elle est pas construite sur un cimetière indien pi personne est harcelé par un démon :

« – Des poltergeists ! Dieu du ciel ! Pourquoi pas des vampires, ou des loups-garous ? »
Elle secoua la tête, agacée. « Il y a un an, j’aurais réagi de la même manière. Mais ce n’est qu’un mot, n’est-ce pas ? Un mot pour désigner une chose que nous ne comprenons pas, une sorte d’énergie, ou une somme d’énergie. Ou bien quelque chose qui est en nous. Je ne sais pas. Ces auteurs, là : Gurney et Myers. » Elle ouvrit l’autre livre. « Ils parlent de fantasmes. Pas de fantômes. Et les fantasmes font partie de l’individu. »

Mais, même si le fantastique pi l’horreur sont pas explicites comme dans du Stephen King, la gradation dans les évènements réussi à nous angoisser. D’ailleurs, toutes les affaires bizarres sont racontées par le narrateur, qui les a pas vus mais se les ai fait raconter par quelqu’un d’autre. Ce qui vient miner un peu sa crédibilité pi qui laisse place à l’interprétation rationnelle de la maladie mentale héréditaire – un classique. Mais à chaque fois, les récits des phénomènes inexpliqués sont efficaces pi intriguants. Ça fait pas vraiment peur, mais ça donne une genre d’impression de menace qui plane sur tout le roman.

Waters réussi à faire de son personnage principal, le Dr Faraday, un vrai être humain, complexe pi pas toujours parfait, pi à le rendre attachant. La narration à la première personne nous donne le point de vue du docteur sur toute l’affaire, évidemment filtrée par sa subjectivité pi son rationalisme scientifique. Facque on a accès à son intériorité, pi ses réflexions pi ses émotions sont vraiment subtiles pi bien rendues par l’auteure. Y pose aussi un regard assez cynique sur la société de son époque (l’après 2e Guerre) qui transparait dans sa lucidité dans le domaine des relations sociales pi interpersonnelles. Le style de Waters a rien d’éclatant, mais y est classique, sobre pi efficace.

La fin est ambigue. On sait pas trop si on doit croire ou pas, mais on saura jamais. Les dernières dizaines de pages sont tellement tragiques que j’y croyais pas. J’ai vraiment été surpris par le dénouement, que j’ai trouvé cruel pour le Dr Faraday, pi aussi pour le lecteur. Tragique, c’est le mot : c’est comme si le destin s’acharnait sur les Ayres pi qu’y peuvent rien faire pour s’en sortir. Les dernières phrases semblent proposer une interprétation, ou peut-être plus une piste d’explication, mais rien de vraiment clair.

Verdict : Recommandé. Malgré quelques mini-longueurs, c’est une lecture intéressante. Les personnages sont bien développés, l’intrigue bien amenée pi le fantastique juste assez subtil.

The innocents

janvier 12, 2011

Réalisation : Jack Clayton
Scénario : John Mortimer, William Archibald pi Truman Capote (Étonnant.), d’après le roman The turn of the screw, par Henry James
Pays : Royaume-Uni, États-Unis
Sortie : 1961

Le roman d’Henry James est excellent. Je savais qu’y avait eu des adaptations au cinéma mais je savais pas qu’elles étaient supposées être bonnes. Mais The innocents, c’est censé être fucking bon.

C’est l’histoire Miss Giddens, une jeune femme qui se fait engager comme gouvernante dans une grande maison de la campagne anglaise. Elle doit s’occuper de deux enfants orphelins dont leur oncle veut pas vraiment la garde. Elle apprend de la bonne (Mrs. Grose) que l’ancienne gouvernante (Miss Jessel) est morte depuis pas longtemps. Ben vite, Miss Giddens commence à voir un homme qui est pas supposé être là, pi qui s’avère être un ancien domestique – et amant de Miss Jessel – mort lui aussi depuis un boutte. Pendant ce temps-là, les deux enfants Flora pi Miles agissent de façon bizarre pi creepy.

J’étais curieux de voir comment le roman allait être adapté, parce que l’essentiel du texte, c’est les réflexion pi les impressions de la narratrice, Miss Giddens – d’ailleurs, je pense qu’elle est même pas nommée dans le livre. Je me demandais aussi si l’ambiguité de la fin allait être maintenue. Finalement, les scénaristes ont décidé de pas être aussi mystérieux : y ont pris une piste d’interprétation du roman pi y l’ont développée. Sans être trop explicite, ça donne un excellent résultat.

The innocents, ça doit être un des premiers films à utiliser une chanson chantée par un enfant pour la rendre creepy. Pi ça marche. Comme dans le livre, les enfants font peur même si y font rien de particulièrement bizarre. La scène la plus creepy, c’est clairement quand Miles récite un poème crissement dark pi louche. Les enfants jouent ben leur rôle, pi j’ai l’impression que leur jeu a moins vieillit que celui de Deborah Kerr, qui fait une bonne job pareil.

J’ai ben aimé le climat de paranoïa qui s’installe dans la grande maison. Miss Giddens sait que quelque chose cloche, pi elle sait que les enfants savent qu’elle le sait. Si on ajoute à ça l’espère de tension sexuelle bizarre pi malaisante entre elle pi Miles, ça donne une ambiance inquiétante vraiment intéressante. Même si le film a 50 ans, on ressent toujours un certain suspense, on s’enfait pour Miss Giddens pi on a peur des enfants. La tension monte tout le long, pi la finale est terrible, comme dans le roman. Ça laisse avec plein de questions pi ça nous fait réfléchir.

Verdict : Recommandé. Ça respecte le roman tout en emmenant des nouveaux éléments intéressants. Toujours bon après 50 ans.

Don’t look now

janvier 7, 2011

Réalisation : Nicolas Roeg
Scénario : Allan Scott pi Chris Bryant, d’après la nouvelle de Daphnée du Maurier
Pays : Royaume-Uni pi Italie
Sortie : 1973

Don’t look now est classé 8e dans la liste des 100 meilleurs films britanniques, pi 18e dans la liste du Times des 100 meilleurs films, en plus d’être côté 95% sur Rotten Tomatoes. C’est quand même paspire. Bizarre que j’en aie jamais entendu parler avant y a quelques jours.

C’est l’histoire d’un couple anglais qui viennent de perdre leur fille, morte noyée dans un étang à côté de la maison. Le papa – John – a une genre de prémonition pi se tape un sprint pour aller repêcher sa fille, mais c’est trop tard. On se projette ensuite un peu plus tard : le couple est à Venise pour la job – j’ai cru comprendre que John travaille dans la restauration d’œuvres d’art dans une vieille église. Un tueur en série terrorise la ville en tuant de belles jeunes femmes. Laura – la femme de John – rencontre une aveugle qui y dit que sa fille est heureuse pi qu’elle devrait pas trop s’en faire. Laura devient genre obsédée par l’idée de communiquer avec sa fille pendant que John trouve que tout ça c’est de la bullshit. À travers tout ça, John croit apercevoir le manteau rouge de sa fille dans les ruelles de Venise.

C’est un peu difficile à résumer, Don’t look now, parce que c’est pas très clair. Je me demandais si c’était juste moi le cave qui comprenait rien, mais finalement c’est pas ça. Soulagement. Le film est volontairement éclaté; les scènes s’enchaînent bizarrement, on est pas toujours sûrs de ce qui se passe ni de quoi les personnages parlent pi on rencontre plein de personnages étranges qui agissent bizarrement sans qu’on sache pourquoi – particulièrement l’espèce de policier louche pi le prêtre. Ça installe vraiment un climat de paranoïa pi de doute qu’on partage avec John, qui en sait pas plus que nous. Mais malgré ça, le film est incroyablement cohérent au niveau de la forme. Presque tous les changements de plans montrent des parallélismes pi tous pleins de motifs reviennent sans cesse tout le long du film – la couleur rouge, le miroir brisé, la prémonition. Ce qui donne un genre de medley de symboles dont on sait pas trop quoi faire, ni quoi en conclure.

Tout ça dans une esthétique crissement proche de celle du giallo, avec des jeux sur la couleur pi la lumière. Si le était pas sorti 4 ans avant Suspiria, on pourrait faire un parallèle avec Argento ou Fulci. Le personnage de l’aveugle mystique revient d’ailleurs dans The beyond. Le traitement est sombre pi labyrinthique; les personnages sont toujours comme oppressés dans la pénombre, comme par exemple dans l’église que John restaure ou dans les petites ruelles de Venise.

C’est sûr que certaines scènes pi certains plans ont un peu mal vieillit, mais certaines scènes sont marquantes, comme celle de la mort de la fillette, au tout début. John ressort de l’eau avec le corps de sa fille dans les bras pi titube en râlant pi en gémissant; c’est bon pi fucking triste. Y a aussi la scène d’amour, qui en est une d’anthologie. Les deux acteurs sont complètement nus pi se touchent avec tendresse pi de façon très réaliste pour un couple. C’est vraiment beau, surtout les fesses de Donald Sutherland.

La seule chose que j’ai à reprocher à Don’t look now, c’est la finale. C’est vraiment un genre de punch imprévisible à la The illusionist, genre que le spectateur peut pas deviner pare que le film y a pas donné les indices nécessaires. Ça donne pas « Fuck ! C’était ça » mais plus « Quoi ? What the fuck ? ». Pi ça finit demême. L’affaire, c’est que le punch éclaire pas tous les éléments mystérieux mis en place dans l’intrigue. Y a plein de choses dont on réentend même pas parler. Chu capable de dealer avec une fin pas claire qui force à réfléchir, mais là c’est autre chose.

Verdict : Recommandé. Un film pas facile à écouter vu son éclatement mais crissement intéressant au niveau de la forme.

Dread

janvier 3, 2011

Réalisation : Anthony DiBlasi
Scénario : Anthony DiBlasi, basé sur la nouvelle du même titre de Clive Barker
Pays : États-Unis
Sortie : 2010

Je pensais que j’avais déjà fait ma critique de Dread mais c’est pas le cas. Facque je la fais là. Bon. Je savais vraiment pas à quoi m’attendre quand je l’ai regardé, facque chu resté surpris. Je vais être assez bref, parec que ça fait déjà une couple de mois que je l’ai vu.

C’est l’histoire de Stephen, un étudiant en cinéma, qui décide de faire un documentaire sur la peur pour son projet final. Y rencontre un peintre un peu fucké qui décide de l’aider dans son projet. Facque y font des entrevues avec tout plein de monde qui leur racontent leur plus grande peur. Sauf que le peintre pète une coche pi exagère un peu.

Le concept de base est vraiment intéressant. Pi DiBlasi a crissement réussi à amener son film dans les recoins les plus laids de l’être humain. Ça dégénère en tabarnaque leur documentaire, ce qui nous donne droit à des scènes horribles, genre de l’eau de javel sur une plaie faite à la laine d’acier. Le peintre viré fou qui fait vivre leur plus grande peur à ses cobayes, c’est dégueu en crisse. Pi la fin, c’est une des fin les plus surprenates pi pas nice que j’ai vu récemment. Elle te laisse un drôle de feeling, qui est pas tant agréable, finalement. C’est assez déstabilisant.

Le scénario est ben faite pi les dialogues sont assez bons. Y sont un peu plus réalistes que ce qu’on voit en général. Les acteurs sont pas excellents mais y jouent suffisament bien pour qu’on y croit. L’esthétique vraiment sombre pi troublante est très réussie, surtout la représentation de la dégringolade dans la folie du peintre pi la réactions des personnages confrontés à leur plus grande peur.

Verdict : Recommandé. C’est pas un chef-d’œuvre, mais ça choque pi ça shake en estie.

Monsters

janvier 1, 2011

Réalisation : Gareth Edwards
Scénario : Gareth Edwards
Pays : Royaume-Uni
Sortie : 2010

Laissez-vous pas avoir par le titre, Monsters, c’est pas un film à gros budget mettant en scène des fourmis géantes qui lancent des lasers par leurs antennes. C’est même le contraire. C’est un film d’auteur. C’est assez dur à classifier, pi c’est ça qui fait que c’est bon : c’est pas vraiment de la science-fiction, c’est pas non plus un film d’horreur. En fait, c’est plus un drame. Faut pas croire la bande-annonce :

C’est l’histoire de Andrew, un photographe de presse, qui doit raccompagner la fille de son boss, Samantha, du Mexique jusqu’aux États-Unis. Le problème, c’est que tout le nord du Mexique est Zone contaminée. 6 ans plus tôt, une sonde de la NASA est tombée là, avec des extraterrestres à son bord. Depuis, les États-Unis ont fait construire un sale gros mur pour contenir la contamination. Sauf que Andrew se fait voler leurs deux passeports. La seule solution, c’est de payer la palette pi de passer par la zone contaminée. C’est ça le plan.

Les monstres sont vraiment en arrière-plan. On les voit presque pas, pi quand on les voit, c’est pas comme dans, mettons, War of the worlds ou Them!. C’est des classiques extraterrestres : des genres de grosses pieuvres de 50 pieds de haut pi qui font de la lumière. Y sont quand même ben faites. Mais comme je disais, l’accent est pas mis sur les monstres, pi le film essait pas de faire peur, sauf pour quelques scènes. Le côté science-fictionnel plane sur tout le film mais reste en suspens, sans jamais vraiment s’appuyer. Ce qui est à l’avant-scène, c’est la relation entre les deux personnages qui apprennent à se connaitre tout le long, dans une situation pas nice. Oui, c’est une histoire d’amour. Mais une belle.

Le traitement du film est très réaliste, pi j’aurais pas de misère à croire que si des extraterrestres arrivaient, ça pourrait donner ce qu’on voit dans le film. Tout le long, on voit des personnages qui gagnent leur vie grâce, d’une certaine façon, aux extraterrestres. C’est toute une nouvelle économie qui apparait au Mexique, pi c’est bien rendu par la caméra. C’est vraiment sobre pi beau. Le rythme est lent, sans être platte. Les acteurs font une excellente performance pi leurs personnages sont intéressants : c’est pas des fucking héros pi toute, mais juste des être humains comme tout le monde. Les dialogues sont crissement réalistes, j’ai trouvé. Tout en subtilité pi en restant la plupart du temps dans l’implicite. Gareth Edwards nous prend pas pour des cons, pi ça fait plaisir à voir.

C’est un film intelligent qui apporte toute une réflexion sur l’immigration pi les politiques américaines à ce sujet-là. Mais jamais de façon trop appuyée pi Michael Moore-esque. Toujours en subtilité.

La fin est vraiment belle.

Verdict : Recommandé. Pas pour avoir peur ni rien; juste pour voir un bon film qui se démarque de tous les autres.

Triangle

décembre 29, 2010

Réalisation : Christopher Smith
Scénario : Christopher Smith
Pays : Royaume-Uni pi Australie
Sortie : 2010

Le film est pas sorti au cinéma en Amérique du nord, mais juste en DVD. Anyway le Jaded Viewer a dit que c’était paspire pantoute, pi j’ai décidé d’y faire confiance.

C’est l’histoire de Jess, une maman monoparentale dont le fils est attardé, qui va rejoindre un chum potentiel pour un petit voyage en voilier avec 3 autres amis. Soudainement, le vent tombe pi un tsunami se pointe. Le bateau vire de bord mais tout le monde a l’air correct (sauf une, mais on en entend pu parler après). Y attendent les secours quand un huge cargo arrive. Y voient quelqu’un sur le pont pi y montent à bord. Sauf que ça a l’air abandonné, pi que Jess a des impressions de déjà-vu. Pi le monde se mettent à mourir.

Le thème est loin d’être nouveau pi original, mais dans ce cas-ci, c’est ben fait. La classique loop temporelle, la rencontre de son double pi toute. Un peu comme dans The door. Mais c’est peut-être mieux amené, avec entre autres une référence à Sisyphe, qui vient donner un peu de profondeur à tout ça. Le scénario est efficace pi j’ai rien à redire; les dialogues sont corrects pi l’intrigue est bien ficelée.

Le film a réussi à faire vraiment sentir mal pi exaspéré pour Jess. Ça fait peur en donnant un gros sentiment d’absurdité, parce que peu importe que qu’elle fait, elle va jamais s’en sortir. Pour ça, c’est efficace. Pi la scène du tsunami au début, moi ça m’a fait peur. Ça fait toujours choker de voir que quelque chose de gros s’en vient, pi que tu peux pas faire grand-chose pour t’enfuir.

Dès que le vent tombe, je me suis dit « Oulala tout ça ça doit être symbolique » – surtout avec le gros tsunami après pi le bateau vide – facque j’ai joué à chercher le sens derrière la loop temporelle. Voici ce que j’ai trouvé : finalement, la fille se pointe sur le bateau au début pour retourner dans la loop, parce qu’elle veut revenir en arrière pi enpêcher la mort de son fils, en plus de se rendre compte qu’elle était méchante avec son fils attardé qui fait des affaires attardées. Son but, si on veut, c’est devenir une bonne maman. Pi le fait que peu importe ce qu’elle fait, son fils meurt, ben ça montre que, dans le fond, comme la loop, ben Jess est incapable de faire autrement pi de pas se mettre en crisse contre son fils. La volonté de changer pi de devenir fine est là, mais Jess est pas capable, même si elle se sent mal, elle pète sa coche. Facque la loop temporelle, c’est la loop de son incapacité à changer pi devenir tolérante avec son fils.

Y a quand même du bon gore dans Triangle, du sang qui revole en masse, des pinnes de métal dans tête, des coups de marteau, des piles de cadavres pi toute. C’est fucking violent, mais l’accent est pas mis là-dessus. Ça tient plus du fantastique que de l’horreur, même si ça fait un peu slasher.

Verdict : recommandé. C’est loin d’être un chef-d’œuvre, mais c’est une écoute agréable pi pas trop téteuse. C’est pas excellent, mais c’est bon pi efficace.

Vinyan

Mai 11, 2010

Réalisation : Fabrice Du Welz
Scénario : Fabrice Du Welz, David Greig pi Olivier Blackburn
Production : Michaël Gentile
Pays : France, Royaume-Uni, Belgique
Sortie : 2008

J’ai été surpris quand j’ai vu que mon Vidéotron avait une copie du nouveau film de Du Welz. Apparemment, ce film-là avait plus de budget que Calvaire; Emmanuelle Béart joue dedans. Ça augurait ben, facque je l’ai loué.

Le film se passe dans un Phuket post-tsunami du 26 décembre. Depuis six mois, Paul pi Jeanne vivent à Phuket après avoir perdu leur fils dans la grosse vague de 30 pieds de haut. Sauf que, pendant la présentation d’un film de sensibilisation pour la cause des enfants birmans, Jeanne voit son fils en arrière-plan. Parce que l’espoir, des fois, c’est épais, ben ils font affaires avec des thaïs pas trop cleans pour aller le chercher. Facque le couple décide de payer fucking cher pour traverser la frontière birmano-thaï, chose qui est pas vraiment une bonne idée, sauf si c’est Rambo le capitaine de l’embarcation. Mais plus ça va, plus ils s’enfoncent dans la marde. Paul veut se pousser mais Jeanne veut continuer à chercher. On voit ben qu’elle a pas toute sa tête. Pi là ça dégénère pour finir en délire mystico-allégorique qui reste toujours pas clair pour moi.

Si on se rappelle bien, Calvaire exploitait le malaise pour affecter le spectateur. Ici, Du Welz l’utilise mais d’une autre façon. Tout le long, on voit le couple se mettre de plus en plus dans la marde pi on peut rien faire. Déjà qu’au début, on sait que c’est pas une bonne idée leur patente. Quand le thaï louche présente à Jeanne un enfant birman avec la face peinte en blanc pi qu’y lui dit que c’est son fils, pi qu’elle le croit, osti que j’étais mal à l’aise. Une chance que son chum est là. Sauf qu’à un moment donné, elle vire juste folle. On la voit faire des affaires dans le dos de son chum pour continuer de chercher pi on peut pas s’empêcher de l’haïr, Jeanne. Elle agit vraiment d’une façon contraire au bon sens, c’est ça qui gosse. J’étais exaspéré.
Pi insécure, itou. Parce que tout le monde que le couple rencontre ont l’air pas clean. J’aurais jamais fait affaire avec les gars de Phuket. Quand ils arrivent sur l’île, la populace locale lance des ballons éclairés dans la nuit. C’est une belle scène au niveau esthétique, mais crisse qu’on les trouve fucked-up les habitants. Ils agissent trop pas normalement. Pi c’est comme ça à chaque fois qu’on voit un nouveau personnage : il est toujours plus bizarre que les autres. Je feelais vraiment comme Paul : la marde pogne de plus en plus pi je peux rien faire. Quand un film me donne des émotions, j’aime ça.
L’atmosphère du film est menaçante pi vraiment étouffante. Surtout les scènes où ils sont perdus dans la forêt tropicale. On le sent tellement vulnérables.
Quand la situation de Paul pi Jeanne pourrait pas être plus précaire, le film pogne une twist étrange. Des enfants peints en blancs sortent de la forêt pi leur courent après. Paul meurt dans une caverne pi Jeanne fini toute nue pi entourée par genre 50 enfants qui la touchent tranquillement. Pi c’est la fin. Y me semble que quand j’ai vu le film, j’ai eu l’impression de comprendre ça voulait dire quoi cette fin-là. Mais j’ai oublié.
Le film est ben fait, sans rien de ben spécial du côté esthétique. Les plans sont beaux, mais ben normaux, comme le jeu des acteurs. Le rythme est crissement lent, mais ça fait ben monter la tension, le malaise pi l’insécurité. Ça peut être trop lent pour certains parce que la psychologie prend plus de place que l’action. Mais moi j’ai pas ressenti de longueurs. J’ai ben aimé ça.

Verdict : un bon film, pas aussi bon que Calvaire, mais un bon film. Qui sort des schémas traditionnels de l’horreur.