The haunting of Hill House, par Shirley Jackson

Parution : 1959

La première fois que j’ai entendu parler de Shirley Jackson, c’est au secondaire quand ma peu sympathique prof d’anglais nous a fait lire la nouvelle The lottery. Sur le coup, étant au secondaire, j’ai pas aimé. Mais quand j’y repense, c’est paspire : dans un village de rednecks, un genre de tirage au sort annuel pi rituel décide qui va se faire lapider cette année. Après, j’en ai pu entendu parler jusqu’à cet été, dans Anatomie de l’horreur de Stephen King. Il disait que The haunting of Hill House c’est un des meilleurs romans de maisons hantées jamais écrit. Pour une fois, je suis d’accord avec lui.

Facque c’est l’histoire d’un groupe de 4 personnes qui passent une couple de jours dans une maison hantée. Y a Eleanor, Theodora, Luke pi Dr. Montague. Le doc c’est un anthropologue qui s’intéresse depuis toujours aux phénomènes paranormaux, surnaturels pi bizarres. Ayant enfin réussi à trouver une wannabe vraie maison hantée, il peut mener à bien son expérience pi peut-être conclure ses recherches. Pour mettre toutes les chances de son bord, il invite des gens qui ont déjà eu des contacts avec le paranormal. Eleanor, même si elle dit que c’est pas vrai, a eu une expérience avec un poltergeist, pi Theodora a des skills psychiques, genre de devinage de cartes retournées pi toute. Luke, lui, il est le futur héritier de Hill House. Il est juste là pour superviser pi être ben sûr que personne va casser sa maison. La première soirée, Dr. Montague raconte l’histoire de Hill House, remplie de meurtres, suicides pi autres affaires propres aux maisons hantées. Ensuite y a des affaires qui arrivent, mais j’arrête là.
Ça a l’air classique comme histoire, mais c’est tellement bien traité que ça relève du chef-d’œuvre. Sérieux. Lisez-le.

Ici, je vais dire tout ce que j’ai aimé dans ce livre-là. Facque je vais peut-être révéler des affaires top secrètes qui feraient chier ceux qui l’ont pas lu. Même si c’est pas une histoire à punch, c’est toujours poche de savoir comment ça va finir.

Dès le début, le narrateur nous dit qu’y a probablement dequoi de pas clean avec la maison. C’est pas une surprise. C’est un vieux manoir victorien, tout en haut d’une colline, à une couple de kilomètres du village le plus proche. Comme tout bon manoir abandonné, il est immense, lugubre pi labyrinthique, ce qui, évidemment, nous renvoi au chronotope du château gothique tel que défini par notre ennemi à tous, Bakhtine. Hé oui. Drette quand les personnages posent leur regard sur Hill House, ils sont comme repoussés, dégoûtés. Quelque chose émane de la maison, quelque chose de pas nice. Dans tout le roman, y a une personnification de la maison, qui devient un personnage du roman. Elle est décrite comme étant vivante, ayant une volonté propre. Sa façade donne l’impression de fixer le chemin d’entrée.
Les relations entre les personnages sont vraiment ben ficelées. Surtout les dialogues. On y voit aucune prétention à la reconstitution de la réalité, ce qui les rend ben plus réalistes. Chaque réplique a un petit je sais pas quoi d’inconventionnel qui donne une impression de bizarrerie. Je pense que c’est le sarcasme des personnages pi les jokes qu’ils se font entre eux qu’on est pas habitué de lire présenté de cette façon-là. L’auteur nous fait pas chier avec des «dit-il, ironique.» C’est implicite, elle nous prend pas pour des épais. Les personnages ont tous une personnalité propre; même que je suis tombé un peu amoureux de Theodora. Anyway. Ils tombent pas dans les stéréotypes, ce qui les rend crédibles pi attachants. Tsé ils ont pas l’air d’avoir une pseudo-cool vraie relation comme dans les films américains; c’est juste des êtres humains normaux qui passent une couple de jours ensemble. En plus, y a une espèce de tension sexuelle entre Eleanor, Theodora pi Luke. Mais l’auteur y fait jamais référence, ça reste implicite. Pour ça, big up.
Montague, comme tous les universitaires, aime ben parler de ses travaux. Tout le long, il essaye d’ouvrir l’esprit de Luke, qui croit pas pantoute au surnaturel. Pi ces conversations-là sont crissement intéressantes. C’est un peu comme suivre un cours sur les maisons hantées. Pi c’est ben le fun.
Une des plus grandes qualités de The haunting of Hill House, c’est sa subtilité dans la représentation du fantastique. Rien de spectaculaire ou de trop évident. C’est le contraire de Stephen King, mettons. Pourtant, ça fait peur. On sait jamais ce qui va arriver quand ils vont se coucher. Au final, on a rien vu de vraiment épeurant. La peur est créée par notre connaissance de la maison, de ce qui s’est déjà passé dedans pi de ce qui pourrait se passer. C’est comme quand on fait le saut au cinéma; la musique devient intense, on sait qu’on va avoir un saut, pi on attend. C’est l’attente qui fait peur, pas le saut en lui-même. C’est une question de tension. Jackson fait monter la tension, mais pas par les évènements fantastiques. Elle le fait par la psychologie d’Eleanor. C’est ce qui fait vraiment de ce roman un chef-d’œuvre.
La narration se fait à la troisième personne, avec une focalisation interne sur le personnage principal, Eleanor. Pour bien faire comprendre à quel point c’est parfait, faut que je raconte un peu ce qui se passe avec elle. Elle a 32 ans, pi elle a passé les 11 dernières années de sa vie à s’occuper de sa mère malade. Pi sa mère, elle était méchante pi autoritaire. Quand le livre commence, sa mère vient de mourir. Eleanor perd la maison, qui était pas la sienne, pi va habiter chez sa sœur pi son mari, qui sont des vrais de vrais enculés. Quand elle se fait appeler par Montague, elle est crissement contente, parce que quelque chose va lui arriver, pour une fois. Mais sa sœur veut pas y prêter le char. Facque elle lui emprunte sans lui dire. Toute fière d’elle, elle s’imagine que sa vie va changer, pi elle est ben contente que quelqu’un lui prête attention, parce que c’est la première fois que ça arrive. Elle arrête pas de se répéter I’m expected. Pi c’est vraiment important dans le récit. Dès le début du récit, on sait qu’elle est pas tout-à-fait saine d’esprit. Elle est vraiment instable pi c’est pas quelqu’un avec des grosses skills sociales, mettons. Pi là elle arrive dans la maison, elle rencontre les autres pi elle se sent bien avec eux. Elle se dit que c’est ses seuls amis, pi qu’elle veut pas les quitter. Tout le long, elle a peur de faire une folle d’elle. Elle se demande ce que les autres pensent d’elle. Quand elle trouve son nom écrit sur un mur, elle choke vraiment. Mais elle veut pas partir parce qu’elle veut pas quitter un endroit où elle se sent bien. À partir de là, elle commence à fusionner avec la maison. Jackson réussi à unir fantastique pi psychologie d’une façon tellement subtile qu’on s’en rend pas compte. Peu à peu, elle sent qu’elle est chez elle, qu’elle veut rester là. Finalement, la marde pogne solide, dans sa tête pi dans la réalité. Montague lui dit de partir, pour son propre bien. Elle résiste mais a pas le choix. Elle finit par se tuer quand elle perd le contrôle de son char en sortant de Hill House. Ça aurait pas pu finir autrement. C’est parfait.

Verdict : à lire absolument. C’est un fucking chef-d’œuvre, pi le meilleur livre de fantastique que j’ai jamais lu.

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