Piercing, par Murakami Ryu

Parution: 1994 au japon, pi 2007 au Royaume-uni.

C’est toujours un peu bizarre de lire Ryu Murakami. Y a vraiment rien à voir avec l’autre Murakami. Non, y est fucked up en esti. Agréablement fucked up.
Dans Piercing, pas de zombie, de monstre, de vampire, pas de petite fille morte avec les cheveux dans’ face, pas de Godzilla, ni d’esprit maléfique, pas de curse sur un village, ni de virus mortel. Juste le récit de deux êtres humains troublés pi une plongée dans leur univers de démence quotidienne. C’est là qu’il est, le fantastique, dans les plus petits recoins de l’âme, ceux qu’on balaye jamais parce qu’y faudrait se pencher un peu trop à notre goût.
Ça va faire les métaphores poches.

He pushed the door wide and stepped into the bathroom. As the steam began to dissipate, the girl materialized on the edge of the tub. She was sitting there completely nude, stabbing herself in the right thight with the scissors of a Swiss army knife. When she noticed Kawashima, she gave him a little smile and spread her legs as if to show him the bits of bloody flesh caught in her pubic hair.

Facque, du sexe pi de la violence. Ben oui. Allez je résume :
C’est le récit d’une soirée dans la vie pi dans la tête de deux personnages : Kawashima est marié pi a un flo, un tout petit bébé. Tous les soirs, il le regarde dormir en s’empêchant de le stabber avec un pic à glace. Pour éviter ça, y décide de stabber quelqu’un d’autre, tsé, pour passer son envie. Chiaki, elle, est une pute sado-maso qui écoute du classique pi est complètement fuckée par les abus que son papa lui faisait subir quand elle était jeune. Les deux personnages finissent par se rencontrer, pi la soirée qu’ils passent ensemble, ben c’est le roman.
Murakami nous fait entrer dans le cerveau de chacun d’eux, pi ça ça nous fait peur pour l’autre personnage. Ses descriptions d’un esrit fucké est crissement précise pi convainquante. D’ailleurs, sur mon édition du roman, un journaliste du Times compare l’auteur à Poe, pi je comprends ce qu’il veut dire. C’est l’exposition lucide d’un comportement déviant par le fou lui-même, un peu comme dans Bérénice ou The tell-tale heart. Le personnage sait qu’il est pas fou, pi il nous explique pourquoi. Quand on lit le roman, on comprend le personnage, pi on le prend en pitié.
L’horreur, dans Piercing, est dans la tête des personnages. Ils sont tous les deux victimes d’abus dans leur jeunesse, abus qui les ont forcé à se retirer de la réalité pour être capable de les surmonter. Leur démence est pas le résultat de la violence, mais la solution. Mais elle les force à vivre en marge du mode réel. Ils peuvent agir normalement mais la peur de la perte de contrôle plane toujours au-dessus d’eux. Tous les actes horribles commis dans le roman sont perpétrés non pas contre la volonté des personnages, mais sans leur volonté, comme si ils quittaient leur corps un moment. Aussi, Piercing aborde la question de la complexité et la difficulté des relation humaines. Tout le long, ils interagissent en interprétant tout croche les agissements de l’autre. Si on veut, c’est comme un gigantesque quiproquo violent pi fucké. Le lecteur est impuissant devant ce qu’il lit parce qu’il sait ce que chacun a en tête pi que les deux personnages se trompent sur le compte de l’autre. Murakami Ryu montre à quel point il est impossible de comprendre complètement quelqu’un et de savoir les vraies motivations de ses actes. Même si on le sait pas, on a tous des comportements qui trouve leur source dans dequoi de pas clean.
Ryu fait monter la tension par ce jeu d’incompréhension et en nous faisant découvrir peu à peu à quel point les personnages sont fuckés. Son écriture est tellement précise; il décrit des concepts pi exprime des états d’âme qui sont tellement complexes mais qu’on comprend sans problème.
Verdict : à lire pour ceux qui veulent entrer dans le cerveau de deux personnes fuckées solide. C’est l’équivalent littéraire d’un cours sur les psychopathologies. En plus, c’est fucking bon.

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