Shutter Island

Réalisation : Martin Scorsese
Scénario: Laeta Kalogridis (basé sur le roman Shutter Island de Dennis Lehane)
Sortie: 2010

Ça faisait partie des films les plus attendus pour 2010 dans le monde du cinéma d’horreur. C’est pas exactement de l’horreur, mais quand même, c’est Scorsese qui fait un thriller qui se passe dans un asile de détraqués violents. Le trailer m’avait toute raconté, tellement que je savais pas si je voulais aller le voir. Mais j’ai entendu dire que c’était le meilleur film de Scorsese, ce qui est pas peu dire, pi la meilleur performance de Leonardo, ce qui veut pas dire grand-chose.

La première scène est parfaite : classique années 50. Quelque chose de bizarre dans les couleurs, la profondeur pi la texture, un peu comme dans Captain Sky and the world of tomorrow. Avec les deux inspecteurs en paletots pi panamas, ça donne le ton. J’avais hâte de voir la suite.
L’arrivée sur l’île pi dans l’hôpital plonge le spectateur dans un univers d’isolement pi d’enfermement. Dès que les personnages arrivent sur l’île, ils sont escortés par des gardes armés, passent une couple de portes qui ont l’air fucking lourdes pi doivent donner leurs guns au monsieur pas sympathique en charge de la sécurité sur l’île. Sans coupure, la caméra avance à travers les portes qui se referment derrière avec un gros bruit de métal grinçant. On sait que ça va être difficile de sortir de l’île.
Ça prend pas de temps pi les docteurs louches de l’hôpital ont l’air de pas tant coopérer à l’enquête. Léo pi Mark commencent à pas être contents pi à vouloir comprendre ce qui se passe là-bas. Mais y a une tempête qui les empêche de quitter l’île. Peu à peu, Léo réalise, avec l’aide de Mark, qu’il a peut-être été attiré sur l’île par les méchants docteurs qui font des expériences sur les patients. Même que les nazis seraient mêlés à ça. Pi, effectivement, on dirait que tout le monde sur l’île fait partie d’un complot. Mais ça, on l’avait tous déjà compris en regardant la bande-annonce. Facque, Léo essaye de se sortir de cette situation de marde-là, mais quand tout le monde est contre toi pi en plus dit que t’es fou, c’est pas facile. Surtout quand on est pas trop sûr qu’y a un complot pour vrai.
Je donne le verdict icitte, pour pas gâcher le film à ceux qui l’ont pas vu. Pour les autres, je continue plus bas.

Verdict : Ça vaut la peine de le voir parce que c’est fucking ben réalisé pi que ca fait réfléchir. Un peu. Allez le voir.

Facque : arrivé aux trois quarts du film, j’espérais que c’était pas juste ça, un fucking complot. Parce qu’un personnage que tout le monde pense parano mais qui a raison finalement, c’est pas nouveau. Donc, le deuxième revirement de situation m’a plu. Voilà.
L’histoire est pas vraiment originale. Ce qui est intéressant, c’est la réalisation, la façon dont l’histoire est emmenée pi racontée. Scorsese joue avec notre cerveau pi nous met dans la peau de Léo, parce qu’on se pose autant de questions que lui. À la fin, on est vraiment pas sûr de ce qui se passe, pi c’est dans le phare que Léo livre sa meilleure performance, depuis la scène de la planche dans Titanic.
– Sérieux?
– Non.
Mais il joue vraiment ben le gars qui est complètement fucké dans sa tête pi qui sait pas quoi croire. Mark Ruffalo itou il joue ben, pi son rôle est vraiment pas facile : il joue un gars, pas acteur pantoute, qui s’improvise acteur. Si on regarde ben, tout le long du film, Mark joue d’une façon pas vraiment convaincante, mais on comprend à la fin que c’était voulu. Je pense.
Scorsese a aussi inséré des scènes surréalistes dans les rêves de Léo, qui, comme tout bon détective, a un passé douloureux et secret. À part la première, un peu téteuse, les autres ont leur place dans le film pi ajoutent à la complexité du personnage. Facque on apprend que Léo a perdu sa femme dans un incendie (pas vraiment) pi qu’il a fait partie des soldats qui sont entrés les premiers à Auschwitz. C’est normal qu’y soit fucké.
Certaines scènes sont plutôt gore, ou mettons dégueuses, comme le général nazi qui a raté son suicide pi qui s’est juste fait exploser le côté de la face. D’autres scènes sont moins gore mais plus bad : quand les soldats américains alignent les nazis devant les barbelés pi que la caméra fait un long traveling en suivant les rafales pi les corps qui tombent, ou ben quand Léo va ramasser les corps de ses enfants que sa femme a noyés dans le lac. Bien fait, sauf pour le cri de détresse qui est pas crédible.
Mais le plus cool dans tout ça, c’est la question de la maladie mentale, emmenée par la femme qui se cache dans la grotte pi qui finalement a jamais vraiment existée. Elle dit qu’une fois que t’es déclaré fou, tu peux pu rien dire sans que le monde dise que ça fait partie de ton délire. Y a pas d’échappatoire. Y a aussi le fait que t’as beau être fou, pour toi c’est la réalité. Léo était convaincu que tout ça c’était vrai, pi ça a prit une huge mise en scène (plus ou moins vraisemblable d’ailleurs) pour lui faire remarquer.

En tout cas, j’ai pensé à ce film-là pendant quelques heures après l’avoir vu en me disant que Scorsese avait réussi dequoi de sick.

3 Réponses to “Shutter Island”

  1. felixhl Says:

    Le traitement visuel est super, la réalisation intéressante, mais c´est vrai qu´à la base le scénario n´est pas béton béton béton. Je me demande un peu comment on réussirait vraiment, scénaristiquement, à faire évoluer la figure du squizo, en terme de mise en scène, de traitement, les options sont infinis !


    • C’est sûr que la confusion entre réalité pi hallucination, c’est un classique de la fiction fantastique, pi que ça a déjà été fait mille fois. Mais j’ai trouvé ça intéressant parce qu’y aussi toute la question de la mise en scène (donc de la représentation) organisée par les docteurs. Ça ajoute de la profondeur à tout ça. Pi on peut sûrement trouver pleins de motifs psychanalytiques dans les vagabondages de Léo dans des souterrains condamnés pi des passages sombres.
      Facque : même si c’est pas très original, j’ai rien à redire au niveau du scénario. Pi le film réussit crissement à installer un climat de paranoïa pi à nous faire entrer dans la peau du personnage.


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