The turn of the screw, par Henry James

Publié en feuilletons dans le Collier’s Magazine en 1898, ce qui était «essentiellement destiné à faire bouillir la marmite» est finalement devenu le texte de James le plus connu, adapté et commenté. Pi c’est vrai que c’est bon.

Une jeune femme qui cherche une job est embauchée comme gouvernante pour s’occuper des deux enfants d’un noble qui est jamais avec eux, toute ça dans une énorme maison de campagne. Arrivée là-bas, elle fait la connaissance de Mrs Grose, la directrice de la maison, avec laquelle elle se liera d’amitié. Les deux enfants (un gars, une fille, mais sans Guy A. Lepage) sont charmants; parfaits, même. Elle s’acquitte avec joie de sa nouvelle job mais tout le monde sait que ça va virer mal cette histoire-là. Elle apprend que le petit Miles a été renvoyé de son école. Elle décide de rien dire à son employeur, pour des raisons évidentes. Étonnée vu la perfection des manières de l’enfant, elle continue à s’occuper de lui et de sa sœur, Flora. À travers toute ça, Mrs Grose lui apprend que leur ancienne gouvernante est partie en vacance avant de mourir pi de jamais revenir. Un après-midi, en revenant du jardin, elle aperçoit une silhouette, qui s’avère être celle de l’ancien domestique personnel du propriétaire. Le problème, c’est qu’il est mort. Voilà, j’arrête icitte.

Même si mon anglais est paspire pantoute, j’étais ben content d’avoir l’édition bilingue parce que le style de James est pas facile à lire : «The case, I may mention, was that of an apparition in just such an old house as had gathered us for the occasion – an appearance, of a dreadful kind, to a little boy sleeping in the room with his mother and waking up in the terror of it; waking her not to dissipate his dread and soothe him to sleep again, but to encounter also herself, before she had succeeded in doing so, the same sight that had shocked him. » J’ai quand même réussi à passer au travers pi je me félicite.
– Bravo!
– Merci ben.
C’est du fantastique pur (selon Todorov en tout cas); l’ambiguïté est maintenue jusqu’à la toute fin, pi même après. Tout le long, on sait pas trop ce qui est vrai parce que c’est raconté à la première personne, avec tous les doutes que ça implique. On est tellement pas sûr de ce qui se passe qu’il y a un affrontement entre deux interprétations : ceux qui pensent que les spectres sont réels pi qui acceptent le fantastique pi ceux qui pensent que la narratrice est sujette à des hallucinations causées par un refoulement sexuel quelconque, probablement lié à un complexe d’Électre non résolu ou à une phase anale tardive. Les psychanalystes ont vraiment passé le livre au peigne fin pour aboutir à des explications plus ou moins convaincantes dépendamment si on trouve que Freud est cool. Quant à moi, j’aime mieux croire aux fantômes, c’est plus le fun demême.
Le fantastique est super simple, super humble, pi super bon. Dans le fond, il y a rien de ben terrifiant. Dans le sens qu’on voit jamais l’horreur de face. James nous la laisse deviner, ce qui selon moi est ben plus difficile que de décrire un zombie qui bouffe un être humain. Le doute plane toujours au-dessus de la narratrice.
– Pi les enfants, dans tout ça?
Les enfants, ils agissent normalement. Ils continuent à être toute cutes. Mais plus ça va, plus leur relation avec la narratrice devient fucked-up. Elle s’aperçoit qu’ils lui cachent des affaires pi qu’ils jouent la comédie, qu’ils font exprès d’être parfaits. Elle essaye d’expliquer ça à Mrs Grose mais c’est ben dur. Mais c’est ça : plus le récit avance, plus leur relation devient intéressante, avec tous les non-dits pi les réflexions de la narratrice qui essaye de dealer avec ça. Les répliques de Miles sont particulièrement efficaces pi surprennent toujours.
Que je suis arrivé à quelques pages de la fin, je me disais Voyons il va faire comment pour finir ça aussi vite? Pi là la fin est arrivée, j’ai refermé le livre pi j’ai réfléchi. C’est sick, sérieux. Une jolie fin qui explique absolument rien pi qui vient au contraire fucker encore plus les choses. Deux mots : nice shit. C’était d’ailleurs le but de James de rien expliquer : « Aussi longtemps que les évènements demeurent voilés, l’imagination s’emballe et suscite toutes sortes d’horreurs, mais dès que le voile est levé, le mystère se dissipe et, avec lui, tout sentiment de terreur. » On est crissement loin du pseudo-fantastique à grand déploiement de Stephen King.

Verdict : je le conseille à tout ceux qui veulent pas juste lire un bon roman fantastique mais un bon roman tout court.

3 Réponses to “The turn of the screw, par Henry James”


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