Archive for the 'Classiques' Category

Kill, baby… kill ! (Operazione paura)

Mai 11, 2011

Réalisation : Mario Bava
Scénario : Mario Bava, Romano Migliorini pis Roberto Natale
Pays : Italie
Sortie : 1966

J’espérais beaucoup que Kill baby… kill serait meilleur que The girl who knew too much. J’étais content que ce soit pas en noir et blanc, parce que Bava utilise les éclairages de couleur comme un champion – on a juste à regarder The drop of water dans Black Sabbath pour s’en rendre compte.

Résumé

À la fin du XIXe siècle, probablement en Allemagne, le docteur Eswai se rend dans une petite ville pour faire une autopsie, sur la demande d’un inspecteur de police qui se bute au mutisme de la population locale. Personne veut parler du meurtre – si c’est un meurtre. Le docteur empêche les villageois d’enterrer le corps avant l’autopsie, ce qui les fait chier parce qu’y sont supersticieux pis qu’y faut pas déranger les morts, ou dequoi demême. Dans le cœur du cadavre, Eswai découvre une pièce de monnaie. Monica (la chicks qui a été envoyée par l’inspecteur) y raconte une vieille légende locale qui explique pourquoi y a une cenne dans le cadavre. Le docteur se fait attaquer par des villageois mais y est sauvé in extremis par une autre chicks, Ruth, la sorcière qui soigne de façon douloureuse les villageois qui pensent qu’y sont maudits. Le doc se rend à la Villa Graps – la maison de la baronesse Graps, qui a perdu sa fille des années plus tôt pis qui vit en ermite dans son vieux manoir – pour trouver l’inspecteur. C’est là que le doc rencontre Melissa, une petite fille habillée en blanc pis crissement creepy. Entre temps, Monica s’est fait « attaquer » pendant la nuit par un esprit mauvais. Eswai pis Monica essayent de trouver le coupable des meurtres mais y se rendent compte que c’est plus compliqué que ça a en l’air.

Analyse

Kill baby kill, c’est un autre film d’inspiration gothique dans le genre de Black Sunday pis The Wurdalak dans Black Sabbath, sauf que l’esthétique ressemble beaucoup plus à The drop of water. Ici, je tiens à dire que c’est un scénario qu’on a déjà vu mille fois (surtout dans les nouvelles fantastiques du XIXe) : un homme de science, rationnel pis pragmatique, qui se rend dans une petite ville isolée où la superstition règne en maître absolu. Le gars y croit pas mais est forcé de se rendre à l’évidence à la fin du récit. On voit ça dans Dracula, dans La Vénus d’Ille pis dans Sleepy Hollow (le film). On s’entend, c’est un lieu commun. Ce qui donne un scénario pas vraiment original. Si on ajoute à ça la caractérisation ridicule des rôles féminins – la vierge vs la sorcière -, la finale super prévisible pis l’hystérie de Monica, ça donne pas un super bon mélange.
Ce qui sauve le film, c’est la réalisation de Bava. Ses cimetières embrumés pis ses allées mystérieuses auraient l’air épais si c’était pas du jeu avec les éclairages de couleurs qu’on peut voir dans le film au complet. Ça donne quelque chose de weird à l’atmosphère pis ça la rend comme irréelle, onirique (on pense à la scène où Eswai entre pis sort de la même pièce à l’infini pis qui rencontre son double), comme dans The drop of water. La caméra est toujours en mouvement pis y a presque aucun plan fixe. Le bout où la caméra imite le mouvement d’une balançoire est cool même si y a pas très bien vieillit. Le panoramique qui montre les villageois qui fisent Eswai quand y entre dans l’auberge fait bien sentir que le doc est pas le bienvenu. Mais le bout le plus cool c’est dans la Villa Graps, un manoir immense avec plein de poupées qui trainent, des pièces éclairées de rose pis de bleu pis une décoration d’un autre âge qui rend tout ça vraiment inquiétant. On peut voir des luminaires en forme de bras qui sortent des murs, en hommage à La belle et la bête de Cocteau. La séquence quand Monica descend les escaliers en colimaçon, c’est génial.
Autre chose intéressante : la creepyness de Melissa. Le petite fille fait peur, pis c’était pas encore un lieu commun à l’époque – y a eu The innocents en 1961; sinon, je sais pas trop. Je l’haïssais avec son ballon pis sa face qui apparait partout. Mais le moment le plus épeurant c’est quand Monica se réveille avec une crisse de poupée laide sur son lit. C’est aussi pire que le clown dans Poltergeist.

Analyse

Si le scénario de Bava est pas le yable au niveau du récit pis de son originalité, y est quand même plein de profondeur pis de pistes d’analyse : la matérialisation de l’inconscient, le ressurgissement d’un passé traumatique, le classique science/superstition, les rapports entre espace matériel pis espace intérieur, etc. Mais j’ai décidé de me pencher un peu sur les rôles féminins, qui sont super stéréotypés. Sauf que ça a un sens quand on y réfléchit un peu. Les femmes représentent l’hésitation du doc entre rationalisme pis surnaturel. Quand on voit Monica pour la première fois, elle arrive pour assister le doc dans son autopsie. On apprend que, comme lui, elle est étrangère – même si elle est née là – pis qu’elle étudie en médecine. Elle est blonde, vierge pis pure. C’est le rationalisme. À l’opposé, quand on voit Ruth pour la première fois – quand elle sauve le doc qui se fait attaquer par des villageois -, on sait pas trop qui c’est. Elle disparait juste après pis garde une aura de mystère pendant tout le film. C’est une sorcière pis elle connait des trucs pour briser les malédictions, comme se fouetter avec une branche d’arbre ou ben porter un silice pour dormir. Elle a les cheveux noirs, aussi. C’est tout le contraire de Monica. C’est la superstition. Ça montre son hésitation devant certains phénomènes qui peut pas expliquer. Dans certains bouts du film, y croit crissement pas aux fantômes, mais dans d’autres, y choke en crisse, tout comme à certains moments y se trouve avec Ruth, pis d’autres avec Monica. Le docteur rencontre jamais les deux femmes en même temps, sauf à la fin, quand Ruth meurt avec un pic dans le cœur pis en sauvant Monica. La superstition qui se sacrifie pour la science mais qui laisse une marque : Monica apprend qu’elle est la sœur de Melissa pis que sa mère, la baronne Graps, voulait la tuer par jalousie. Oui, les rôles féminins sont super typés, mais c’est au service de l’histoire.

Verdict

Recommandé. Évidemment, c’est pas un film qui fait peur, ni un film à regarder en gang le soir de l’Halloween. C’est un film pour les fans d’horreur pis de cinéma en général. La réalisation est superbe pis ça vaut la peine de voir ça pour les jeux d’éclairage, les décors pis les mouvements de caméra.

The girl who knew too much (La ragazza che savepa troppo)

avril 13, 2011

Réalisation : Mario Bava
Scénario : Mario Bava, Enzo Corbucci, Ennio de Concini, Eliana de Sabata, Mino Guerrini pis Franco Prosperi
Pays : Italie
Sortie : 1963

Je continue mon exploration du cinéma italien avec un autre film de Mario Bava, qui, y parait, serait le premier giallo, ou au moins un proto-giallo. Aux Étas-Unis, le titre c’est Evil Eye. Anyway, c’est en noir et blanc, pis c’est clairement inspiré de The man who knew too much de Hitchcock, un bon thriller en plus d’être comique.

Résumé

C’est l’histoire de Nora, une jeune américaine, fan de giallos (des livres de murder mystery), qui va étudier – ou whatever – à Rome, où elle va habiter chez sa tante. Mais sa tante est malade pis elle meurt pendant la nuit. Affolée, Nora court chez le jeune docteur séduisant – Marcello – qui y avait dit de venir le voir si quelque chose arrivait. En chemin, elle se fait attaquer pis voler sa sacoche, tout en se pétant la tête en tombant à terre. Quand elle reprend ses esprits, elle assiste à un meurtre : une femme se fait planter un couteau dans le dos. Ensuite, un homme vient enlever le couteau pis emmène le cadavre on sait pas où. Sous le coup de l’émotion, elle retombe dans les pommes. Elle se réveille à l’hôpital. Mais ni les docteurs ni la police a l’air de la croire, pis tout le monde dit qu’elle a rêvé. Mais Marcello la croit, pis y prend soin d’elle. Elle est hébergée chez une amie de sa tante, tout près de la scène de meurtre. Rapidement, elle se rend compte que le meurtre qu’elle a vu est lié à une série de meurtres – the Alphabet murders – qui a eu lieu dix ans plus tôt. Le tueur suivait les lettres de l’aphabet; A, B, C, pis le nom de famille à Nora, c’est Davis. Après, elle reçoit des menances de mort pis elle décide d’enquêter sur l’affaire. Elle rencontre un journaliste qui avait investigué dans le temps pis qui pense que le vrai tueur est toujours en liberté. Ainsi de suite, jusqu’à la révélation finale.

Critique

Avant de commencer, faut dire que j’ai regardé The girl who knew too much plus comme un document historique qu’autre chose. Je m’attendais pas à être vraiment stressé par le suspense, même si Bava avait réussit à m’angoisser dans Black Sabbath. D’ailleurs, y a beaucoup de Black Sabbath dans the girl who knew too much : la fille seule dans un appart qui reçoit des appels menaçants (The telephone) pis la vieille qui meurt dans son lit (The drop of water). Mais dans les deux cas, le traitement est meilleur dans Black Sabbath. Anyway.
Le film a commencé à me taper sur les nerfs après une dizaine de minutes. Quand la vieille tante meurt, Nora capote – ce qui est compréhensible – pis elle a de la misère à marcher tellement elle est sous le choc. Ensuite, quand elle se fait pousser à terre, elle tombe inconsciente. Pis quand elle se réveille, elle voit le meurtre, pis retombe dans les pommes. Je veux ben admettre que la vision de la femme a changé depuis 1963, mais quand même, montrer la femme comme une hypersensible incapable de garder son calme, c’est pas cool. Au même titre, l’histoire d’amour est pas crédible. Marcello a le coup de foudre pour Nora, qui, elle, a pas l’air particulièrement intéressée. Mais elle se dit genre « Bah, ok, pourquoi pas. » Ensuite Marcello parle de mariage, comme si la femme avait aucun mot à dire là-dedans.
Mais la scène à l’hôpital, quand personne la croit, est vraiment bonne. Nora est couché dans un lit, pis on voit les docteurs pis les policiers en contre-plongée, ce qui crée un effet de supériorité qui écrase Noa, comme un enfant devant ses parents. Ça suggère qu’elle a pas raison. Ce qui m’amène à un autre point : c’est bien filmé tout le long, comme le long traveling pendant la scène du vol de sacoche, ou la lentille défocusée pour créer un effet subjectif pendant la première scène de meurtre.
La scène finale est vraiment bonne, quand on voit la folie de Laura. C’est ben joué pis creepy, parce qu’elle a l’air solidement fucked up la pauvre.
Sauf qu’y manque d’atmosphère, à mon sens. On sent pas vraiment la tension des scènes de suspence. J’ai passé à travers le film sans jamais m’en faire pour les personnages, ni être particulièrement captivé par l’intrigue. Surtout qu’à part le fait que son nom commence par D, on sait pas trop pourquoi le tueur voulait tuer Nora.
L’élément surnaturel est quand même intéressant, même si y est pas très présent. À part ça, y a d’autres points communs avec les giallos de Argento ou Fulci : la jeune femme à l’étranger, le tueur au couteau, pis la série de meurtres.
Sauf que la toute fin est un peu niaiseuse : c’est suggéré que Nora aurait tout imaginé à cause d’une cigarette de marijuana qu’un étranger lui aurait refilé à son insu. En plus de pas avoir de rapport avec l’histoire, c’est complètement ridicule.

Analyse

Ce qui me semble intéressant ici, c’est le lien clairement établit entre les murder mysteries pis la réalité. Au début, on apprend que Nora trippe sur le genre policier, pis le livre qu’elle lit s’appelle The knife, qui renvoit à l’arme utilisée par le tueur. En plus de la cigarette de pot, y a quelques éléments qui suggèrent que tout le film se passe dans la tête de Nora, qu’elle imagine son propre murder mystery : la voix off, comme si elle narrait pour elle-même sa propre fiction, le fait qu’elle se retrouve sans bonne raison apparente au milieu d’une histoire de meurtre, que toutes les preuves disparaissent, pis aussi le climat de paranoia – personne croit Nora. D’après moi, la scène qui illustre le mieux cette idée-là, c’est celle où Nora a tellement peur toute seule dans la grande maison – qu’on peut considérer comme le reflet de son intériorité – pis qu’elle installe des pièges pour se protéger du tueur (des trucs qu’elle a pris dans des romans policiers, en passant) : elle met de la poudre de talc pour voir les traces de pas pis elle utilise une fucking longue ficelle pour tisser un réseau de fils qui bougent si quelqu’un réussit à entrer. La maison est pleine de fils qui empêchent Nora de se déplacer comme elle veut. Ça reflète bien son état d’esprit, tendu pis tourmenté. De cette façon-là, elle s’enferme à l’écart du monde, seule dans sa tête. Finalement, elle voit une ombre par la fenêtre. Elle pense que c’est le tueur, mais c’est juste un policier. Quand y entre, les fils bougent pis décâlissent tous les bibelots. La réalité la rattrappe en faisait éclater ses fabulations. Si on suit l’idée que l’espace extérieur (la maison) reflète l’espace intérieur (Nora), on peut voir la pièce fermée à clée comme un aspect caché de la personnalité de Nora. Cet aspect-là, c’est peut-être juste la découverte de la sexualité; l’intrigue du meurtre se dénoue en même temps que l’intrigue amoureuse se concrétise. On peut voir le couteau du tueur comme un motif phallique, pis le fait que les victimes sont toutes des femmes renforce cette idée-là. Y a un lien entre contact sexuel pis agression physique, qui sont comme mélangés dans l’imagination de Nora. Le film finit par la prise de conscience que Laura – qui ressemble phonétiquement à Nora – est pas qui elle prétendait être, au même titre que Nora voit son désir sexuel monter en elle, alors qu’elle ne savait pas qu’il faisait partie de sa personnalité. De jeune fille virginale, elle passe à jeune femme sexualisée.

Verdict

Pas recommandé, sauf pour ceux qui sont curieux de voir les racines du giallo. Ça a pas très bien vieillit, même si c’est super bien filmé pis toute. Pas le meilleur de Bava.

The Blair witch project

mars 19, 2011

Réalisation : Daniel Myrick pis Eduardo Sánchez
Scénario : Daniel Myrick pis Eduardo Sánchez
Pays : États-Unis
Sortie : 1999

J’ai vu ce film-là y a longtemps, dans le temps où on trouve que les filles, c’est dégueulasse. Facque je me rappellais pas si c’était vraiment bon ou si c’était juste un pionnier poche du genre (même si c’était pas le premier – Cannibal holocaust, C’est arrivé près de chez vous). Je me souviens juste que j’avais pas vraiment compris la fin.

Résumé

Donc c’est l’histoire de trois étudiants, Heather, Josh pi Mike, qui vont à Burkittesville, dans le Maryland, pour tourner un documentaire sur une légende locale : la sorcière de Blair. Après avoir interviewé du monde de la place, y s’enfoncent dans la forêt supposément hantée. Pendant la nuit, y entendent des bruits à l’extérieur de leur tente, pi y se mettent à penser que du monde de la ville leur font des jokes. Y finissent par se perdre dans le bois en essayant d’arriver à une de leurs locations de tournage. À ce moment-là, la marde pogne entre les trois étudiants, surtout que les bruits la nuit se font de plus en plus menaçants.

Critique

J’affirme que, officiellement, The Blair witch project, c’est fucking bon. C’est pas juste le premier à vraiment populariser le found footage, c’est un crisse de bon film d’horreur pi un chef-d’œuvre de cinéma-vérité.
Le jeu des acteurs, les dialogues, les interactions, tout ça est vraiment crédible. Les entrevues, au début, on dirait que les témoignages sont spontanés comme si c’était vraiment un genre de vox-pop, avec les hésitations, les répétitions pi les bégaiements propre au langage quotidien. Pour les acteurs principaux, je trouve qu’y réussissent à faire croire à leurs personnages de jeunes dans la vingtaine. D’après Imdb, la plupart des dialogues ont été improvisés par les acteurs, pi ça se sent. La spontanéité est bien rendue à l’écran, même chose pour la dynamique entre les personnages. Même leur façon de se fâcher est réaliste, pi on est en tabarnaque pour eux.
C’est une autre qualité du film : réussir à faire sentir au spectateur l’irritation pi la peur de se perdre dans le bois pi de se faire attaquer par on sait pas quoi. Les personnages sont assez crédibles pour qu’on s’identifie à eux pour qu’on feel ce qu’y vivent. On comprend crissement leur peur à chaque fois qu’y montent leur tente. D’ailleurs, les scènes tournées la nuit sont sérieusement angoissantes. Ce film-là fait peur. Y parait, toujours d’après Imdb, que la scène quand la tente se fait brasser était pas préparée, que les acteurs ont choké pour vrai pi que leurs réactions sont genuines. La peur pis la mésentente entre les personnages sont amenées tranquillement pi de façon efficace; au début, y font des jokes pis toute, pi plus ça va, moins y niaisent, plus y s’engueulent. Vraiment ben fait, sans être maladroit ou trop évident.
La dernière partie dans la maison est crissement terrifiante.

Analyse

Encore une fois, on hésite entre surnaturel pi rationalisme. Après avoir entendu des bruits dans le bois, Josh dit que c’est du monde « fucking with your head. Have you ever seen Deliverance ? » Dans Deliverance, les trois gars sont en canot dans une région sauvage pi se font attaquer par des rednecks. Évidemment, les Heather, Josh pi Mike peuvent pas croire sérieusement à la légende. Mais on sent qu’y ont peur pareil. Rendu à un certain point, on peut pus douter du mythe de la sorcière de Blair : « Have you heard the children laughs ? » à ce point-là, les personnages sont perdus dans la forêt pi y peuvent pus s’échapper. Y sont comme pognés dans la légende. C’est ça qui fait peur, c’est que plus ça va, plus y s’enfoncent; dans la forêt, pi dans le surnaturel. Josh capote pi arrête pas de répéter « We’re in the middle of the goddam woods », ce qui rappelle les premiers vers du Inferno de Dante :

« Au milieu du chemin de votre vie,
Je me retrouvai par une forêt obscure
Car la voie droite était perdue. »

Les bois mènent à l’enfer, si on veut, parce qu’on a pus nos repères civilisés qui nous permettent de nous sentir en sécurité. Tout le long, les personnages essayent de rationaliser, mais à chaque fois, l’hypothèse surnaturelle les rattrappe.

Même si la forme de Blair witch project est « innovatrice », on peut quand même voir le schéma classique des films d’horreur : au début, on a un avertissement : le bébé qui met la main sur la bouche de sa mère quand elle raconte l’histoire de la sorcière. Dans les films d’horreur, les enfants ont souvent une plus grande sensibilité que les adultes (on a juste à penser à Poltergeist). Le bébé se met à crier No no no !, comme si l’histoire est pas à prendre à la légère. Plus tard, un des personnages fait tomber une pile de roches; Heater choke pi la remet en place. Les trucs épeurants commencent à arriver juste après. C’est le classique transgression/punition qui est présent dans presque tous les films d’horreur. Aussi, la structure en crescendo est une constante du cinéma d’horreur. Les indices s’empilent pi les affaires épeurantes sont de plus en plus horribles.
Ce qui est original, c’est qu’on voit jamais ce qui fait peur, même à la fin. Un peu comme dans The haunting. On entend des rires d’enfants pis on sait que c’est vrai, mais on voit jamais rien d’épeurant; on voit la peur, mais pas ce qui la cause. On voit les personnages choker, on voit les tas de roches, les espèces de bonshommes de brindilles accrochés aux arbres, mais jamais ce qui les a fait. On a peur mais on sait pas de quoi. On le devine, mais on peut jamais le confirmer. On reste dans le doute, pi c’est pour ça que le film fait peur en crisse. Dans Signs, on arrête d’avoir peur quand on voit le grand bonhomme vert. Avant ça, ça faisait peur. Ça renvoit au début du film, quand un des gars interviewés dit que le tueur d’enfants du début du siècle pouvait pas soutenir leurs regards, pi c’est pour ça qu’y les installait face au mur pour les tuer un à la fois. Ça explique pourquoi on voit jamais ce qui attaque les personnages. Y peut pas soutenir leurs regards, parce que si y se fait voir, y arrête de faire peur. C’est pour trouver la vérité que Heather est venue faire son documentaire. Son but, c’était de prouver que la légende était vraie ou le contraire. Vu que ce qui fait peur peut pas soutenir les regards, ben on voit jamais ce qui attaque les personnages.

Verdict

Recommandé. C’est un incontournable du cinéma d’horreur, pi un film d’horreur qui fait peur pour vrai, ce qui est plutôt rare. La caméra subjective est crissement ben utilisée pi les acteurs sont des vrais champions.

Black Sabbath

février 22, 2011

Titre original : I tre volti della paura
Réalisation : Mario Bava
Scénario : Mario Bava, Alberto Bevilacqua pi Marcello Fondato
Pays : Italie
Sortie : 1963

Black Sabbath est considéré par certains comme étant le meilleur film de Bava, meilleur que Black Sunday pi The girl who knew too much. Peut-être ben. Ça m’a donné envie de le voir. Surtout que j’ai trouvé la version originale italienne, qui a été crissement changée pour sa distribution en Amérique. C’est un triptyque; le film est constitué de trois courts-métrages.

Ça commence avec Boris Karloff sur un fond bleu qui s’adresse à la caméra en disant que les fantômes existent pi qu’y sont peut-être assis dans le cinéma avec nous. On a perdu l’habitude de faire des bonnes intros.

The telephone (Il telefono)

C’est l’histoire d’une call-girl, Rosie, qui se fait appeler pendant la nuit par quelqu’un qui dit la trouve chicks dans sa robe de nuit pi qu’y va la tuer avant l’aube. On découvre que ça serait un gars qui a été crissé en prison à cause d’elle qui veut se venger. Facque elle appelle son amie lesbienne, Mary, avec laquelle elle est en frette on sait pas trop pourquoi. Mais Mary est un peu étrange.

C’est un huis-clos qui préfigure la scène d’ouverture de Scream, 35 ans plus tard : la fille se fait appeler par un gars qui la voit mais elle sait pas y est où. Y l’appelle plein de fois pi elle choke. Le film se passe au complet dans le même appartement, presque tout le temps éclairé. D’ailleurs, encore, Bava joue comme un champion avec l’éclairage. C’est aussi une des premières manifestation du giallo avec, entre autres, le motif du couteau, ou les gros plans sur les bottes du tueur. J’ai ben aimé la construction qui fait qu’on pense que Mary va attaquer Rosie pi que finalement c’est vraiment le gars qui l’attaque. La trame sonore réussit sa job : la musique accompagne vraiment ben les images. Surtout, au début, quand Rosie est toute seule pi qu’elle choke, la seule chose qu’on entend c’est une horloge; ça représente ben l’attente pi le stress du personnage. Pi la scène finale est assez explicite pour l’époque : on voit une fille se faire étrangler avec un bas de nylon pi un gars se faire stabber dans le ventre. Le bout où le tueur s’approche tranquillement de Rosie en la fixant dans les yeux est vraiment bon, y a de la tension pi l’actrice qui fait Rosie a vraiment l’air terrifié. Le dernier plan aussi est cool : un travelling sur les deux cadavres pi le téléphone qui est décroché, tout ça en entendant Rosie pleurer.

The Wurdalak

C’est l’histoire d’un jeune voyageur qui trouve un cadavre avec un couteau dans le cœur pi avec pas de tête. Le gars se rend au village le plus proche, où y est accueillit à la pointe d’un gun par le fils du proprio de la place. Y a aussi son frère, son fils, sa femme pi sa soeur. Y expliquent à Vladimir que leur père, Gorca, est parti tuer un Wurdalak – un vampire qui se nourrit du sang de ceux qu’y aime le plus. Y l’attendent, sans trop savoir si y a été mordu ou pas. Y finit par se pointer, en agissant crissement louche. Tout le monde va se coucher. Pendant ce temps-là, Gorga se pousse dans la forêt avec son petit-fils, pi Vladimir séduit Sdenka pi la convainc de partir avec lui. Mais y trouvent que l’enfant est mort, pi la marde pogne.

Dès la première image, on se dit que ça ressemble crissement aux films de la Hammer : forêts pi ruines sombres dans une lumière lunaire pi personnage voyageur avec une cape. L’atmosphère fait aussi beaucoup penser à Black Sunday. L’histoire est classique mais ben développée : Gorca est trop weird pi est un vraiment cool vampire. Son arrivée à la maison est superbe. Y a aussi le bout où l’enfant, qui a été enterré dans l’après-midi, appelle ses parents pendant la nuit. Le mari convainc sa femme de pas y aller mais elle le stabbe dans le ventre pour aller retrouver son fils. C’est bad à souhait. Les mouvements de caméra sont vraiment cools, genre des longs travelling qui se déplacent entre les personnages. J’adore la fin, qui est super pessimiste : tout le monde finit par être mordu. That’s it.
Y a dequoi d’intéressant dans le fait que le vampire se nourrit d’affection au lieu de volupté. Au lieu d’être associé au sexe, y est associé à l’amour. Ché pas trop quoi tirer de ça.

The drop of water

C’est l’histoire d’une femme, Miss Chester, une infirmière à domicile, qui se fait appeler pendant la nuit pour aller arranger le linge d’une vieille madame qui vient de mourir. Elle est morte en faisant une scéance de spiritisme. Facque Chester l’habille pour le service funéraire. Elle spotte une bague au doigt du cadavre, pi elle décide de la buster. Après ça, y a des mouches sur le cadavre, les yeux se rouvrent pi un bruit de gouttes d’eau se fait entendre. Chester se pousse chez eux. Dans son appart, elle entend des gouttes d’eau pi d’autres bruits bizarres. Pi l’électricité coupe tout d’un coup. Pi là, quelque chose arrive.

Bava dit que c’est son film le plus maitrisé sur le plan technique. Chu d’accord en crisse. L’atmosphère est tellement sick : y a toujours des jeux avec une lumière vascillante, genre la pluie dans une fenêtre, ou une chandelle qui chancelle; y a plein d’éclairages de couleur, aussi : mauve, vert, bleu, rose. C’est vraiment magnifique pi ça préfigure crissement les décors du Suspira d’Argento. Quand l’électricité coupe, y reste juste une lumière bleue qui flanche à travers une fenêtre ovale qui figure un gros œil creepy. Tous les décors pi l’atmosphère sont vraiment oniriques pi suggèrent les perceptions fuckées par la folie du personnage. La scène où le cadavre disparait subitement de la chaise pi réapparait à plusieurs endroits renvoit aussi à un rêve. La face du cadavre est crissement épeurante – même si c’est clairement un masque en cire – pi les plans montrent tout le temps Chester seule dans son appart en train de chercher l’origine des bruits bizarres. On a peur pour elle. Elle finit par s’étrangler elle-même, forcée par la vieille madame. À la fin, on penche pour l’hypothèse de la folie, mais on se rend compte que la bague a été volée par la proprio, qui se met à entendre des gouttes d’eau. Ça finit sur un gros plan du visage du cadavre, les yeux ouverts.

Ensuite, ça enchaine sur la scène la plus absurde au monde : on voit Boris Karloff, habillé comme son personnage dans The Wurdalak, s’adresser à la caméra, comme au début. Y se met `
A rire, y a un zoom-out, pi on voit qu’y est assis sur un faux chevel pi qu’y est dans un studio. Tout ça sur une musique de cirque.

Verdict

Recommandé, mais pour tout le monde. Faut vraiment le cinéma d’horreur pour apprécier ça, parce que y a pas vraiment de suspence pi toute. The drop of water est incroyable pi ça vaut la peine de le voir juste pour ça. Les deux autres shorts sont cools aussi, mais moins.

The Thing

février 17, 2011

Réalisation : John Carpenter
Scénario : John W. Campbell Jr. pi Bill Lancaster
Pays : États-Unis
Sortie : 1982

Je dois avouer que je connais crissement mal le cinéma de John Carpenter. J’ai vu Halloween, qui m’a pas impressionné plus qu’y faut, même si la première moitiée était excellente. Je comprend son influence pi toute, mais ça m’a un peu emmerder, pour être franc. Mais j’ai entendu juste des bons commentaires à propos de The thing, facque je me suis décidé. Mes attentes étaient quand même élevées.

Résumé

Une équipe de recherche américaine située en Antarctique se fait attaquer par un norvégien qui a l’air de vouloir tuer un de leurs huskys. Y finissent par le tuer, parce que c’est dangereux, un norvégien avec un gun. Facque MacReady le pilote d’hélico pi le docteur Blair se pointent à la station norvégienne pas loin de la leur. Y trouvent juste les ruines d’un bâtiment détruit par le feu. Y trouvent aussi un genre de gros bloc de glace qui ressemble bizarrement à un sarcophage, une créature crissement fucked up brûlée pi abandonnée dans la neige pi un immense trou dans la glace au fond duquel y a, hé oui, une soucoupe volante. Revenu au camp, Blair fait des analyses mais arrive à aucun conclusion. Le chien louche du début finit par tuer les autres chiens pi se transformer en grosse cochonnerie pas clean. MacReady finit par la tuer avec un lance-flamme. Blair fait des analyses pi y découvre que l’organisme extraterrestre contamine les êtres vivants avant de prendre leur forme. Y peut se transformer en n’importe quoi pi n’importe qui peut être infecté parce que ça se transmet par simple contact. Affolé par l’idée que la Chose atteigne la civilisation, le doc décide que personne va partir : y décâlisse la station-radio du camp. Les autres l’enferment dans un shack pas loin du camp. Sauf que là, personne sait c’est qui qui est infecté. La paranoia s’installe, pi le carnage commence.

Critique

Commençons avec la chose qui nous reste en tête après le visionnement de The thing : le gore. Les effets spéciaux sont malades. Y sont fait à la mitaine, avec pas de CGI pi juste des tubes pi du stop-motion. Pi le l’imagination, parce que la Chose a pas vraiment de forme. Elle contamine un organisme, le décâlisse en sortant de lui pi ensuite, elle pogne son apparence. Évidemment, y faut la pogner avant qu’elle finisse sa transformation. Ce qui nous donne droit à pleins de scènes de créatures en mutation, genre avec des faces de chien déformées, des yeux humains à des places pas rapport, des tentacules, pi d’autres affaires horribles. Lovecraft aurait pas pu inventer dequoi de plus malade : y a aucune retenue dans les effets créés par Bottin pi Winston, aucune tentative de rendre ça réaliste – ce qui empêche pas que ça soit dégueulasse. Ce qui se fait de meilleur dans le gore, c’est ça.
Le build-up est peut-être un peu rapide à mon goût, mais une fois que le climat de paranoia est installé, ça marche en esti. Kurt Russell est excellent dans son rôle de gars tough qui pogne les choses en main. Les autres acteurs aussi font ben leur job, même si un des personnages noirs est un peu trop stéréotypé, mais bon. Le film fait pas peur : c’est pas stressant, dans le sens que y a pas vraiment de suspense, pi on fait pas de sauts non plus.
Quelques éléments ont mal vieillis, ce film-là a quand même 30 ans : le tout début, quand on voit une soucoupe volante entrer dans l’atmosphère terrestre pi le bout où on voit le doc analyser l’organisme. Sur un vieil écran d’ordi, on voit des grosses cellules pixelisées à fond pi l’ordi raconte explicitement, pour ceux qui avaient pas encore compris, pourquoi c’est dangereux. Y dit dequoi genre : Après le premier contact avec la civilisation, le monde entier sera contaminé en 27 000 heures. Ça, c’était pas ben bon.
La fin est vraiment excellente pi pessimiste. À cause de ça, elle plaira pas à tout le monde, mais c’est la vie.

Analyse

Le titre le dit : The thing. Le monstre, on sait pas c’est quoi, y a pas de forme. C’est une chose, parce qu’on peut pas le décrire. Pi tuer dequoi qu’on connait pas, c’est chiant. Mais le pire, c’est que la Chose peut prendre n’importe quelle apparence. Facque y faut se méfier de tout le monde, même des chiens. Les seules fois où on voit la Chose, c’est quand elle se transforme; donc c’est dans un tas informe de membres déformés pi un medley de chiens, d’humains pi de on sait pas trop quoi d’autre. Elle est toujours en mutation pi son apparence est jamais la même. C’est ça qui fait peur : pas pouvoir l’identifier clairement. Si le monstre était une grosse bibitte laide, ça fait peur, mais au moins, tu sais à quoi t’as affaire. Mais dans leur cas, y le savent même pas. Cest la peur de l’inconnu, de l’Altérité qui est, par définition, inquiétante, parce qu’on sait pas c’est quoi. Cette peur de l’Autre crée aussi la peur des autres, parce que ça pourrait être n’importe qui. Mais l’Autre, ça peut aussi être soi-même, parce qu’y peuvent être infectés sans même le savoir. On a tous un monstre potentiel en nous.
C’est ça, la vie en société : on peut vivre ensemble parce qu’on fait confiance aux autres, même si on sait que tout le monde est un monstre potentiel. Sauf que, des fois, y a des monstres qui ressortent, pi ça donne des Robert Pickton pi autres tueurs en série. Dans The thing, c’est justement l’ordre de la société qui est fucké, parce que ça devient impossible de faire confiance aux autres. La Chose qui peut prendre toutes les formes, c’est tout ce qui peut venir bousculer l’ordre de la vie en société. Ce qui fait peur, donc, dans The thing, c’est la fracture de l’ordre social pi le retour à une espèce de loi de la jungle qui force à vivre dans une paranoia constante une vie qui est sans cesse menacée.

Verdict

Recommandé. C’est un film divertissant, avec un bon rythme pi un développement intéressant. Mais la vraie raison pour voir ce film-là, c’est le gore pi les effets spéciaux. Ça vaut crissement la peine.

Cannibal Holocaust

février 8, 2011

Réalisation : Ruggero Deodato
Scénario : Gianfranco Clerici
Pays : Italie
Sortie : 1980

Supposément bannit dans plus de 50 pays, Cannibal holocaust est un des films qui a le plus scandalisé à sa sortie. Deodato a été obligé de prouver en cour que l’empalement est pas réel pi que les acteurs sont pas vraiment morts pendant le tournage. Le film a aussi été dénoncé par les activistes pour les droits des animaux parce qu’y met en scène des morts réelles d’animaux, dont une tortue de trois pieds de long. Y parait aussi que certaines scènes de sexe sont vraies (mais y a pas vraiment moyen de prouver ça) pi que l’acteur principal avait sérieusement peur de se faire tuer pendant le tournage. C’est aussi un pionnier dans le genre du found-footage, avant Blair Witch Project pi C’est arrivé près de chez vous.

Résumé

C’est l’histoire de Harold Monroe, un anthropologue crissement réputé, qui part à la recherche d’une équipe de tournage disparue deux mois plus tôt quelque part dans la forêt sud-américaine alors qu’y filmaient un documentaire sur une tribue cannibale. Après une couple de jours de marche, Monroe pi son équipe réussissent à établir un contact avec les cannibales, les Yacumos. Pendant une cérémonie quelconque, Monroe trouve les bobines de film de l’équipe qu’y cherche. De retour à New York, des producteurs y demandent de faire un documentaire sur l’équipe disparue. Après avoir regardé les tapes trouvés sur le terrain, Monroe s’oppose à leur diffusion auprès du grand public, parce qu’y juge que c’est trop horrible. Pour convaincre les producteurs, qui sont ben contents parce que la violence, ça vend en crisse, y leur fait visionner le found footage, qui compose à peu près la moitié du film que nous, on regarde. Facque on voit le crew crissement expérimenté essayer de survivre pi de filmer les cannibales, mais plus ça va, plus y deviennent crinqués pi y se mettent à décâlisser les autochtones, qui se laissent pas faire, évidemment.

Critique

Des amis m’avaient « Oué, c’est un bon film, mais c’est pas si pire, tsé, ça a quand même 30 ans. » Facque je lisais les quotes sur la pochette genre « The most controversial movie ever made » ou « The most disturbing, shocking film I have ever seen » sans trop y croire, tout comme les avertissements au début du film qui disaient « No one under 18 should see this movie ». Moi, comme un con, je m’attendais à voir un film à la Fulci, genre dégueux mais drôle pi divertissant. À la place, je me suis fait violer. Viol agréable, mais viol quand même. Sérieux, pendant la scène de la tortue, j’ai pensé me cacher les yeux pour arrêter de voir ça, chose qui est jamais arrivée depuis que j’écoute des films d’horreur. Mais j’ai réussi à garder les yeux ouverts tout le long. C’est la pire chose que j’ai jamais vu, pire que 2 girls 1 cup, pire que tout. Y font pas juste la tuer, la tortue, oh non, y la décapitent, y coupent les pattes, arrachent sa carapace, jouent dins organes, la font cuire pi la mangent. Toutes les autres scènes de tuage d’animaux sont plus soft, mais quand même pas nice : un genre de rat musqué stabbé dans la gorge, un pauvre cochon tiré à bout portant pi un singe tout cute qui se fait scalper la face avec une machette. Pour le serpent décapité pi la grosse crisse d’araignée coupée en deux, on s’en câlisse, on les haït ces affaires-là. Bon. Quant à la violence faite aux humains : c’est pas si gore, mais crissement horrible psychologiquement. Les trois scènes de viol sont tellement crues, sauvages, pi ben jouées que ça met infiniment mal à l’aise. La fille empalée, c’est ben fait en tabarnaque, pi la toune genre Sigur Ros fait un contraste vraiment puissant qui donne de la profondeur à la scène. Sans oublier aussi la scène de l’avortement homemade.
Effectivement, ce film-là est choquant, mais choquant genre qui ébranle, pas juste superficiel comme A serbian film. Ça m’a crissement dérangé, pi quand j’y repense j’ai un genre de tiraillement dans les boyaux qui est un mélange de répulsion pi d’amour.
Parce que c’est un excellent film. Juste la construction de l’intrigue est intéressante : on voit Monroe qui réussit à interagir pacifiquement avec les cannibales; ensuite, on voit le found footage entrecoupé de scènes de délibération à propos de la diffusion de ces images-là. Le montage est fait pour donner des pauses au spectateurs, qui en a crissement besoin. Le jeu des acteurs est super bon pi le genre du found footage est crissement ben maitrisée. J’ai ben aimé aussi le revirement de situation, genre que ça soit les humains qui décrissent les cannibales, pi pas l’inverse – quoique, à la fin…

Analyse

Deodato a dit à plusieurs reprises qu’y a pas de message dans son film, pi qu’y voulait juste faire un film de cannibales, point. Y me semble que c’est un peu niaiseux de dire ça, mais bon. Je comprend pas le monde qui disent que la violence est gratuite : explicitement, dans le film, y a une réflexion sur la violence à la télé pi aussi un questionnement sur les idées de « sauvages » pi « civilisés »; d’ailleurs, la dernière phrases du film, c’est « I wonder who the real cannibals are. » On a même pas besoin de se forcer pour trouver un message.
Ça sert à rien de se demander si on a le droit de montrer de la violence à l’écran, parce que c’est pas une question morale, mais esthétique. Faut se demander à quoi elle sert, cette violence-là, qu’est-ce qu’elle veut dire. Dans Cannibal Holocaust, y a deux types de violence : la violence – simulée – faite aux humains pi la violence – réelle – faite aux animaux. Personnellement, c’est la deuxième qui m’a le plus dérangé, parce que c’était pas des trucages. Y ont vraiment tué un animal, tandis que quand les humains meurent, on peut être dégouté, mais au fond, on sait que c’est pas vrai. C’est pour ça qu’on aime le gore. Dans le film, Monroe refuse de diffuser The green inferno à la télé. Parce que y a une différence entre montrer un film gore dégueulasse pi montrer du monde mourir pour vrai. Chu un fan de films d’horreur mais jamais je regarderais un vidéo de quelqu’un qui se suicide, ou dequoi demême. Je pense que c’est cette différence-là qui est montrée par les meurtres réels d’animaux.
Dans la même idée, le film dénonce, y me semble, l’avidité des médias pour les affaires les plus horribles. On a juste à penser à tous les photographes qui gagnent des prix pour avoir pris une belle photo d’une petite fille morte au Darfour ou n’importe quoi dans le genre. Comme dans le film, les médias se cachent derrière la « Vérité » pour montrer des images choquantes. Cette hypocrisie-là est montrée pendant la scène de l’empalement, quand Allan regarde le corps en souriant. Y se fait dire « Watch it, we’re shooting. »; là, y fait sa face sérieuse de reporter engagé pi y dit « Good lord ! It’s unbelievable, it’s horrible ! » Au lieu de trouver ça dégueu pour vrai, y fait semblant alors que dans le fond, y est content parce qu’y pense à son futur succès. Plus loin dans le film, pendant qu’y tire sur des indigènes, Jack crie « We’re gonna get an Oscar for this ! » Facque les images-choc sont pas filmées pour la Vérité, mais juste pour la gloire.
Ça dénonce un genre de sensationalisme morbide qui trouve ses images dans des vraies situations limites. En disant ça, le film, qui prétend être réel, continue son argumentation au niveau formel : si c’est pas nice de montrer du vrai monde mourir, c’est autre chose quand on fait un film. C’est un art, une représentation; une façon de montrer le réel. Dans ce cadre-là, la violence peut pas être dénoncée parce que 1. Elle est pas réelle; pi 2. Elle participe à un projet plus vaste que sa simple représentation : l’œuvre d’art signifie toujours quelque chose.
Si Cannibal holocaust a autant choqué à sa sortie en 1980, c’est que le found footage était pas un genre connu. Vu que Deodato a vraiment réussit à donner une impression de réalité en s’approchant le plus possible de l’illusion référentielle, grâce au jeu des acteurs, aux plans séquences pi à la caméra POV, la ligne entre violence réelle pi violence représentée s’est estompée dans l’esprit des spectateurs de l’époque. Facque la réflexion sur la violence est en même temps un questionnement sur la représentation au cinéma.
Y aussi la question de la relativité du mot « civilisé ». C’est peut-être un peu trop postmoderne comme question, mais bon. J’aime mieux voir ça comme une critique du colonialisme. Le monde vivant la décolonisation depuis la fin de la IIe Guerre mondiale, c’est normal qu’en 1980, pendant que le phénomène continuait, que quelqu’un ait voulu en parler. Le film nous donne deux possibilités face au monde « sauvage » : soit dialoguer avec eux pi partager les connaissances pi les cultures, comme Monroe, soit décâlisser tout le monde pi ensuite être fâché quand ça se revire contre nous, comme l’équipe de tournage de Allan.
C’est pas finit : d’une perspective psychanalytique, c’est aussi intéressant. C’est l’homme civilisé, raisonnable pi rationnel, qui débarque dans un endroit complètement sauvage pi régit par des lois étranges, mais quand même peuplé par des hommes, qualifiés de « primitifs ». Y vivent presque nus, ont des coutumes sexuelles bizarres pi pratiquent le cannibalisme : on peut les associer à l’inconscient, aux pulsions animales refoulées qui se trouvent au fond de chaque être humain. Quand ces pulsions ressurgissent, on peut : 1. Apprendre à dealer avec (Monroe); 2. Essayer de les repousser encore plus, mais causant ainsi notre autodestruction (Allan). Parce que l’homme civilisé a peur de son côté animal. L’idée, c’est pas d’ignorer nos pulsions, mais de les contrôler.
Facque le monde qui ont été – pi qui le sont encore – choqués par la violence de Cannibal Holocaust pi qui la dénoncent comme étant gratuite, ben ce monde-là se butent sur des considérations morales qui les empêchent de voir plus loin que le premier degré, parce que ce film-là est crissement riche de significations.

Verdict

Recommandé, crissement. Un des meilleurs films d’horreur de l’histoire, sans aucun doute. Le pire, c’est qu’y accotte sa réputation de film choquant même après 30 ans, ce qui est un crisse d’exploit. Un chef-d’œuvre, mais un chef-d’œuvre qui fait mal. Des fois, les films d’horreur extrêmes nous font des coupures qui finissent par guérir; Cannibal Holocaust, ça laisse une cicatrice.

Black Sunday (La maschera del demonio)

janvier 22, 2011

Réalisation : Mario Bava
Scénario : Ennio de Concini, Mario Serandrei, Mario Bava pi Marcello Coscia, basé sur la nouvelle Vij, de Gogol
Pays : Italie
Sortie : 1960

Pendant que Hitchcock tournait Psycho aux États-Unis, Bava préparait The Mask of Satan (l’autre tire de Black Sunday). Y est peut-être moins connu en Amérique, mais le film de Bava est autant un classique que celui de l’ami Alfred. Parce que sans Bava, y a pas Argento, ni Fulci, ni Bava fils – évidemment -, ni personne.

Résumé

Au XVIIe siècle en Russie, la princesse Asa pi son amant Javutich se font tuer pour leurs commerce avec le yable, sorcellerie ou vampirisme, on est pas sûrs. Asa lance une malédiction à son frère, en charge des exécutions, avant de se faire enfoncer un masque en métal avec des pics par en-dedans direct dans face avec un gros coup de masse; même affaire pour Javutich. Deux siècle après, deux docteurs russes passent en calèche dansun chemin supposément hanté; la roue pète, pi pendant que le cocher la répare, les docteurs explorent les bords de la route. Y trouvent la tombe d’une jeune femme dans une vieille chapelle en ruine. Le corps est masqué pi y a une croix protestante sur le tombeau, ce qui fait que, d’après les légendes, le cadavre reviendra pas à la vie. Mais, en se battant contre une chauve-souris, le docteur Kruvajan décâlisse aussi la croix, qui casse la vitre du cerceuil. Comme un con, y enlève le masque de sur la face mais y se coupe pi le sang tombe dans l’orbite vide de la princesse Asa. En sortant du tombeau, y rencontrent la princesse Katia, qui ressemble étrangement à son ancêtre la princesse Asa, pi dont le docteur Gorobec tombe amoureux. Dans la chapelle, la cadavre reprend vie grâce au sang du docteur, pi Asa appelle son chum Javutich, qui sort de sa tombe pour aller accomplir la malédiction lancée 200 ans plus tôt.

Critique

Ça commence vraiment ben : dans les premières minutes du film, on voit Asa se faire brûler au fer rouge (avec la chair qui colle au métal, pi toute) pi se faire enfoncer un masque pleins de pics dans face, avec les éclaboussures necéssaires, évidemment. Le film a d’ailleurs été censuré en Angleterre pi certaines scènes ont été coupées pour la distribution au États-Unis. Quand on pense que Hitchcock a minutieusement évité de montrer les coups de couteau dans Psycho… On a droit aussi à une face décomposée avec des scorpions dessus, une cage thoracique pas de peau, un gros plan d’une tête qui brûle pi un pic rentré dans un œil – la source du goût pour les traumas oculaires de Fulci ? D’ailleurs, les maquillages pi effets spéciaux sont impressionnants pour l’époque : la tête aux orbites vides dans lesquelles deux yeux blancs apparaissent, ou ben le vieillissement rapide de Katia.
Le film est en noir et blanc, ce qui donne beaucoup d’importance à l’éclairage pi aux ombres, ce qui fait penser aux films expressionistes allemands. La direction photo est d’ailleurs assurée par Bava lui-même, qui sait définitivement ce qu’y fait. L’atmosphère est toujours sombre, avec la lumière vascillante d’un feu de foyer ou celle fantômatique d’une pleine lune. Le cadrage aussi est assez intéressant, avec des plans super symétriques (la tombe, l’église), des gros zooms étranges pi des longs travelings vraiment maitrisés, comme quand Javudich entre dans le château.
J’ai vraiment aimé l’idée du masque cloué dans face. C’est dégueux pi creepy, surtout quand Javutich sort de sa tombe.

Analyse

On remarque assez rapidement que Black Sunday reprend pleins de motifs pi de thèmes gothiques (le vieux château, la malédiction, l’hérédité, les souterrains, la persécution). Y a aussi beaucoup de cohérence interne; y a un parallélisme entre Katia/Gorobec pi Asa/Javutich, le premier étant un couple pur, le deuxième représentant la mort pi le désir. Ces deux couples-là montrent un genre de mélange des deux temporalités, qu’on peut ben voir à la fin quand on découvre un passage secret derrière le portrait de Javutich, passage qui mène dans les souterrains pi éventuellement à la tombe de Asa.
Y a une opposition assez claire entre Katia pi Asa, qui sont jouées toutes deux par Barbara Steele. L’une est naïve pi vierge, l’autre est perverse pi désirable. Asa, back in the days, aurait peut-être été condamnée par son frère pour avoir commis le « péché de la chair »; implicitement, c’est ce que le film dit. De son côté, Katia est étouffée par les interdits de son père, comme on peut le voir dans la scène où elle s’évanouit. Le docteur Gorobec ouvre son corsage, révèle sa craque pi elle recommence à respirer. Le sexe est toujours associé à la vie (on peut voir le masque comme la répression des désirs sexuels qui conduit à la mort). Quand Asa ressuscite, sa respiration très forte rappelle l’excitation de l’orgasme, pi c’est pareil à la fin quand elle prend possession du corps de Katia. En plus, ce qui la ranime, c’est le désir du docteur Kruvajan pi le baiser qu’y lui donne. Quand Asa vampirise Katia, on la voit rajeunir, tandis que Katia vieillit tout en ayant l’air de jouir. Facque le film met en scène la tension entre éros pi tanathos à travers les personnages de Asa pi Katia. Katia hésite entre les deux extrêmes : sa vie au château (la soumission), pi Asa (la liberté).

Verdict

Recommandé. C’est un classique qui a eu une influence indéniable sur tout le cinéma d’horreur occidental. Juste pour ça, ça vaut la peine. Mais c’est divertissant, itou. Le gore est surprenant, la cinématographie magnifique pi le jeu des acteurs agréablement old school.

The innocents

janvier 12, 2011

Réalisation : Jack Clayton
Scénario : John Mortimer, William Archibald pi Truman Capote (Étonnant.), d’après le roman The turn of the screw, par Henry James
Pays : Royaume-Uni, États-Unis
Sortie : 1961

Le roman d’Henry James est excellent. Je savais qu’y avait eu des adaptations au cinéma mais je savais pas qu’elles étaient supposées être bonnes. Mais The innocents, c’est censé être fucking bon.

C’est l’histoire Miss Giddens, une jeune femme qui se fait engager comme gouvernante dans une grande maison de la campagne anglaise. Elle doit s’occuper de deux enfants orphelins dont leur oncle veut pas vraiment la garde. Elle apprend de la bonne (Mrs. Grose) que l’ancienne gouvernante (Miss Jessel) est morte depuis pas longtemps. Ben vite, Miss Giddens commence à voir un homme qui est pas supposé être là, pi qui s’avère être un ancien domestique – et amant de Miss Jessel – mort lui aussi depuis un boutte. Pendant ce temps-là, les deux enfants Flora pi Miles agissent de façon bizarre pi creepy.

J’étais curieux de voir comment le roman allait être adapté, parce que l’essentiel du texte, c’est les réflexion pi les impressions de la narratrice, Miss Giddens – d’ailleurs, je pense qu’elle est même pas nommée dans le livre. Je me demandais aussi si l’ambiguité de la fin allait être maintenue. Finalement, les scénaristes ont décidé de pas être aussi mystérieux : y ont pris une piste d’interprétation du roman pi y l’ont développée. Sans être trop explicite, ça donne un excellent résultat.

The innocents, ça doit être un des premiers films à utiliser une chanson chantée par un enfant pour la rendre creepy. Pi ça marche. Comme dans le livre, les enfants font peur même si y font rien de particulièrement bizarre. La scène la plus creepy, c’est clairement quand Miles récite un poème crissement dark pi louche. Les enfants jouent ben leur rôle, pi j’ai l’impression que leur jeu a moins vieillit que celui de Deborah Kerr, qui fait une bonne job pareil.

J’ai ben aimé le climat de paranoïa qui s’installe dans la grande maison. Miss Giddens sait que quelque chose cloche, pi elle sait que les enfants savent qu’elle le sait. Si on ajoute à ça l’espère de tension sexuelle bizarre pi malaisante entre elle pi Miles, ça donne une ambiance inquiétante vraiment intéressante. Même si le film a 50 ans, on ressent toujours un certain suspense, on s’enfait pour Miss Giddens pi on a peur des enfants. La tension monte tout le long, pi la finale est terrible, comme dans le roman. Ça laisse avec plein de questions pi ça nous fait réfléchir.

Verdict : Recommandé. Ça respecte le roman tout en emmenant des nouveaux éléments intéressants. Toujours bon après 50 ans.

Don’t look now

janvier 7, 2011

Réalisation : Nicolas Roeg
Scénario : Allan Scott pi Chris Bryant, d’après la nouvelle de Daphnée du Maurier
Pays : Royaume-Uni pi Italie
Sortie : 1973

Don’t look now est classé 8e dans la liste des 100 meilleurs films britanniques, pi 18e dans la liste du Times des 100 meilleurs films, en plus d’être côté 95% sur Rotten Tomatoes. C’est quand même paspire. Bizarre que j’en aie jamais entendu parler avant y a quelques jours.

C’est l’histoire d’un couple anglais qui viennent de perdre leur fille, morte noyée dans un étang à côté de la maison. Le papa – John – a une genre de prémonition pi se tape un sprint pour aller repêcher sa fille, mais c’est trop tard. On se projette ensuite un peu plus tard : le couple est à Venise pour la job – j’ai cru comprendre que John travaille dans la restauration d’œuvres d’art dans une vieille église. Un tueur en série terrorise la ville en tuant de belles jeunes femmes. Laura – la femme de John – rencontre une aveugle qui y dit que sa fille est heureuse pi qu’elle devrait pas trop s’en faire. Laura devient genre obsédée par l’idée de communiquer avec sa fille pendant que John trouve que tout ça c’est de la bullshit. À travers tout ça, John croit apercevoir le manteau rouge de sa fille dans les ruelles de Venise.

C’est un peu difficile à résumer, Don’t look now, parce que c’est pas très clair. Je me demandais si c’était juste moi le cave qui comprenait rien, mais finalement c’est pas ça. Soulagement. Le film est volontairement éclaté; les scènes s’enchaînent bizarrement, on est pas toujours sûrs de ce qui se passe ni de quoi les personnages parlent pi on rencontre plein de personnages étranges qui agissent bizarrement sans qu’on sache pourquoi – particulièrement l’espèce de policier louche pi le prêtre. Ça installe vraiment un climat de paranoïa pi de doute qu’on partage avec John, qui en sait pas plus que nous. Mais malgré ça, le film est incroyablement cohérent au niveau de la forme. Presque tous les changements de plans montrent des parallélismes pi tous pleins de motifs reviennent sans cesse tout le long du film – la couleur rouge, le miroir brisé, la prémonition. Ce qui donne un genre de medley de symboles dont on sait pas trop quoi faire, ni quoi en conclure.

Tout ça dans une esthétique crissement proche de celle du giallo, avec des jeux sur la couleur pi la lumière. Si le était pas sorti 4 ans avant Suspiria, on pourrait faire un parallèle avec Argento ou Fulci. Le personnage de l’aveugle mystique revient d’ailleurs dans The beyond. Le traitement est sombre pi labyrinthique; les personnages sont toujours comme oppressés dans la pénombre, comme par exemple dans l’église que John restaure ou dans les petites ruelles de Venise.

C’est sûr que certaines scènes pi certains plans ont un peu mal vieillit, mais certaines scènes sont marquantes, comme celle de la mort de la fillette, au tout début. John ressort de l’eau avec le corps de sa fille dans les bras pi titube en râlant pi en gémissant; c’est bon pi fucking triste. Y a aussi la scène d’amour, qui en est une d’anthologie. Les deux acteurs sont complètement nus pi se touchent avec tendresse pi de façon très réaliste pour un couple. C’est vraiment beau, surtout les fesses de Donald Sutherland.

La seule chose que j’ai à reprocher à Don’t look now, c’est la finale. C’est vraiment un genre de punch imprévisible à la The illusionist, genre que le spectateur peut pas deviner pare que le film y a pas donné les indices nécessaires. Ça donne pas « Fuck ! C’était ça » mais plus « Quoi ? What the fuck ? ». Pi ça finit demême. L’affaire, c’est que le punch éclaire pas tous les éléments mystérieux mis en place dans l’intrigue. Y a plein de choses dont on réentend même pas parler. Chu capable de dealer avec une fin pas claire qui force à réfléchir, mais là c’est autre chose.

Verdict : Recommandé. Un film pas facile à écouter vu son éclatement mais crissement intéressant au niveau de la forme.

Zombie (ou Zombi 2)

janvier 6, 2011

Réalisation : Lucio Fulci
Scénario : Elisa Briganti, Dardano Sacchetti
Pays : Italie
Sortie : 1979

C’est avec joie, bonheur, allégresse pi toute que j’entame une nouvelle catégorie de films : Horreur italienne. Hé oui. Je ressors mes DVD des Argento, Fulci, Soavi pi toute, que j’ai vu mais pas encore critiqué. Je commence avec un réalisateur que j’apprécie beaucoup, qui est aussi le seul dont j’écoute les films juste pour voir du gore. Son plus connu, c’est Zombi 2, une fausse suite italienne au film Dawn of the dead, paru en Italie sous le nom Zombi. Mais faut pas se tromper, y a pas de lien – sauf des zombies.

Facque c’est l’histoire d’un journaliste qui enquête sur un mystérieux bateau arrivé à New York sans équipage, pi sur lequel deux garde-côtes ont été retrouvés morts. Y rencontre une femme, qui, elle aussi, cherche des infos sur le bateau; on apprend vite qu’elle est à la recherche de son papa, dont elle a pas de nouvelles depuis longtemps. Une couple d’indices les mènent à s’embarquer pour une île nommée Matoole, où le marin qui leur donne un lift semble pas très heureux d’aller. Finalement, sur l’île, y a un docteur qui étudie une épidémie bizarre : les morts se relèvent. Les indigènes de la place capotent pi parlent de malédiction, mais le doc les croit pas – évidemment.

Le cinéma de Fulci est vraiment étrange : la musique bizarre pi les acteurs pas bons sont une constante, tout comme le gore excellent pi les prises de vue étranges mais originales.

Évidemment, le scénario est pas compliqué, ni même important. Les dialogues sont pas stylisés pi sont juste là pour orienter le récit pi éclairer le spectateur quand y a dequoi de pas clair. Y s’agit juste d’installer un contexte pour mettre en scène des zombies. Bon. Mais la réalisation est un peu déroutante. Les plans sont parfois vraiment bizarres. Je pense à la scène sur le bateau, pendant laquelle quelques policiers ont une conversation. Ils sont installés en cercle avec la caméra au milieu. Elle tourne de façon à ce que la personne qui parle s’adresse directement à la caméra. Ça donne un résultat vraiment cool, à mon sens. Mais au-delà des prises de vue, l’imagination de Fulci est aussi très étrange, comme en fait foi la scène du combat entre un zombie pi un requin. On sait pas trop pourquoi, mais on aime ça.

Maintenant, le gore. Tout comme H.G. Lewis (Bloodfeast, 2000 maniacs), Fulci s’est fait décerner le titre de Godfather of gore, qu’il mérite amplement. Ses effets spéciaux sont entièrement fait à la mitaine, avec des produits alimentaires, de la plasticine pi d’autres patentes demême. C’est loin d’être réaliste mais ça écoeure pareil. Ce qu’on aime de Fulci, c’est qu’y nous montre tout. Y a pas de jeu de caméra qui laisse deviner le dégueu : y nous montre le dégueu, sans aucune pudeur. Dans Zombie, la scène de perforation de l’œil est particulièrement dégoutante. Les morsures, aussi, dégoulinent du faux sang beaucoup trop rouge, mais les plaies sont ouvertes pi béantes, pi la peau tellement élastique entre les dents du zombie, qu’on peut pas s’empêcher de grimacer. J’aimerais souligner aussi la facilité avec laquelle les boîtes craniennes explosent ou s’ouvrent en deux dans les films de Fulci. Ça fait toujours plaisir à voir. Même ses zombies sont horribles. Y sont pas juste bleus ou verts comme dans Day of the dead; nonon, y sont vraiment en état de décomposition avancé, avec des vers pi toute.

Verdict : Recommandé. À regarder entre amis, avec un gros joint si possible. Un bon moment garanti.