Behind the mask : the rise of Leslie Vernon

Réalisation : Scott Glosserman
Scénario : Scott Glosserman pis David J. Stieve
Pays : États-Unis
Sortie : 2006

Ce film-là a eu des maudites bonnes reviews un peu partout sur le web, pis même que Sinistre Blogzine l’a mis dans son top 10 Found Footage en le décrivant comme un mélange entre C’est arrivé près de chez vous pis Scream, deux excellents films. Comme chu un fan du sous-genre, j’ai décidé de l’écouter.

Résumé

Dans un monde où Jason Vorhees, Freddy Kruger pis Michael Myers ont existé pour vrai, trois étudiants font un documentaire sur un tueur en série qui prépare ses meurtres. Le tueur, Leslie Vernon, va terroriser la petite ville de Glen Echo, qui aurait causé sa mort alors qu’y était enfant. Facque, comme nos slashers préférés, Leslie a une légende rattachée à lui, une maison où des ados vont fêter à chaque année le jour de sa mort, un masque, une arme de prédilection, un psychologue qui cherche à l’arrêter pis toute. Y explique à Taylor, la journaliste amateure, comment y compte faire sa job pis pourquoi y la fait. Y nous fait rencontrer un ancien slasher à la retraite, qui explique comment des gars comme Freddy pis Jason on révolutionné la façon de faire des meurtres en série. C’est comme une visite guidée de tout ce qu’on voit pas dans les films de slashers : le tueur choisir son target group, courir en malade quand on le voit pas pour avoir l’air de toujours marcher pis trafiquer les lumières de la maison pour pouvoir faker une panne de courant. Y explique tout ça à l’équipe de tournage qui, le soir du massacre, décide de pas le laisser faire pis qui se retrouve du mauvais côté du masque.

Critique

L’idée de base ressemble énormément à C’est arrivé près de chez vous : un documentaire sur un tueur en série pis l’équipe de tournage qui devient impliquée dans les meurtres. Le film souffre de cette comparaison-là : si, mettons, C’est arrivé près de chez vous c’est la Nintendo Wii, ben Behind the mask, c’est la Kinect de Sony. C’est un genre de rip-off mais avec une bonne idée en plus. Dans ce cas-ci, la bonne idée, c’est de faire du tueur un genre de meurtrier d’outre-tombe – supernatural slasher – comme dans les classiques Halloween pis Vendredi 13 pis A nightmare on Elm street. L’affaire, c’est que le tueur est pas surnaturel pantoute; c’est juste un gars qui fait croire des affaires avec des mises en scènes pis un peu d’anticipation, comme tous les autres, d’ailleurs. Leslie nous emmène dans les coulisses du slashers alors que Scream était resté dans la salle de spectacle. L’auto-dérision, à mon sens, est aussi réussie que dans Scream. C’est super drôle tout le long, avec l’espère d’historique du tuage en série que l’ami de Leslie nous explique, la scène classique du visionnement de vieux journaux en microfilms à la bibliothèque de l’école pis toute.
J’ai particulièrement aimé toute l’histoire de la symbolique qui entoure les slashers : le placard qui est un endroit sacré pis qui représente l’utérus, donc l’innocence; la course à travers un décor menaçant qui représente la naissance; la final girl qui s’équipe d’une arme phallique – hache, bâton de baseball, etc – pour décâlisser le tueur, c’est qu’elle perd son innocence (« She’s empowering herself with cock. », d’après Leslie). C’est super intéressant. Ce qui fait que la première heure du film est crissement divertissante pis que j’ai vraiment été accroché, malgré la ressemblance avec C’est arrivé près de chez vous. Mais au trois quarts du film, ça change : sans trop qu’on sache pourquoi (elle l’a aidé tout le long), Taylor décide d’empêcher les meurtres en allant avertir le target group, qui fête dans l’ancienne maison de Leslie. À ce moment-là, y droppent leurs caméras pis ça devient un film normal, en ocularisation externe. J’ai trouvé ça maladroit.
C’est pas la seule incohérence : quand Taylor apprend que Leslie est pas vraiment le petit gars de la légende, elle est trop pissed pis toute. Mais au fond, ça change quoi ? Rien, y fallait juste mettre un peu de chicane pour la courbe dramatique du film. Autre bizarrerie/défaut : le doc Halloran (en référence au Shining de King ?). On sait pas trop c’est qui, ni y sort d’où, ni pourquoi y sait où Leslie est pis ce qu’y prépare. On sait pas non plus ce qu’y fait dans le film, le doc (à part ploguer Robert Englund) sert strictement à rien. Oui, c’est des jokes de doc Loomis, mais ça reste trop en surface pour que ça devienne intéressant.
Mais le plus gros défaut de Behind the mask, c’est son échec à utiliser la caméra subjective. L’image est tout le temps trop claire, les interactions entres les membres de l’équipe de tournage sont pas crédibles pis la fille qui joue Taylor se force beaucoup trop pour avoir l’air de pas de forcer; ce qui fait qu’on y croit pas tant, à leur histoire de faux/vrai footage. C’est raté de ce côté-là. Par contre, le personnage de Leslie est fucking bon pis y sort des stéréotypes de tueurs en série sociopathes pis silencieux ou super trop intelligents pis volubiles. Leslie est un gars normal, qui fait des jokes pis toute, pis que j’ai trouvé désagréable en quelques occasions. Nathan Baesel nous fait croire à son rôle, même qu’à la fin j’aurais voulu qu’y tue tout le monde, incluant Taylor, qui me tapait un peu sur les nerfs. Mais bon.

Analyse

Le film nous emmène dans la production d’un film d’horreur : on voit comment les tueurs dans les films utilisent des trucages pour faire peur aux personnages – pis aux spectateurs. Mais rendu au tier, le film se transforme en vrai film d’horreur. À ce moment-là, Leslie nous a déjà décrit tout ce qui allait se passer, facque on regarde le monde aller avec un horizon d’attentes, comme on écoute un nouveau film d’horreur qui a pas l’air ben original. On s’attend à certaines choses. Sauf que finalement, c’est pas ce qui est supposé arrivé qui arrive, pis on est surpris – plus ou moins, le twist est prévisible, mais bon. L’important, c’est qu’on s’attend à dequoi qui arrive pas. Ça nous ramène au cinéma de genre : des personnages clichés, une structure dramatique toujours semblables, pis toute. Mais un bon film, c’est un film qui évite les clichés, ou qui les utilise autrement.
Y a aussi un métadiscours sur le genre du slasher : en voyant le film, on se dit « Bon, tout ça c’est framé, ça fait pu peur ». Sauf que finalement, à la fin, c’est parce que tout est framé qu’on a peur : on se dit « Fuck, le gars est beaucoup trop ben préparé pis pas moi. » Comme Scream, le film déconstruit le slashers mais réussit à les rendre épeurant pareil. Le début montre comment ça marche, la fin montre que, effectivement, ça marche.
On dit souvent que les films d’horreurs sont des manifestations des peurs pis des obsessions communes à une société. Donc, c’est comme une façon de passer nos pulsions fucked up, de les laisser sortir un peu pour pas qu’y nous pètent dans la face un jour à force d’être trop réprimées. Robert Pickton, au lieu de réaliser des films d’horreur, a tué un nombre incroyable de putes. C’est pas vraiment ça, mais vous me suivez, right ? Dans Behind the mask, Eugene dit : « Every culture, every civilisation, since the dawn of man, has had it’s monsters. For the good to be pitied against the evil, you have to have evil, don’t you ? » ça veut dire que les tueurs font ça pour rétablir un espève d’équilibre dans la société. Maintenant qu’on a pu peur de rien – Ben Laden vient de mourir, tsé – faut ben que quelqu’un reprennent le flambeau en créant des légendes qui font peur au monde. Dans le film, Leslie a un peu la même fonction que le film d’horreur dans la société. On peu aussi le comparer au « destin » : ses victimes le savent pas, mais y a tout prévu pis tout arranger pour que, peu importe, y finissent par faire ce que lui y veut qu’y fassent. Les victimes pensent tout faire pour s’échapper mais y se pitche dans la gueule du loup. On nait tous avec un « destin », même si j’aime pas le mot. On a des déterminations sociales, familiales, psychologiques, génétiques, whatever, qui font qu’on est portés à faire telle affaire au lieu de telle autre. Sauf qu’on peut sortir de ce « destin »-là : on devient une final girl pis on s’en sort, après avoir, comme elle, décidé de se battre.

Verdict

Recommandé. Faut connaitre un peu les slashers pour apprécier le film. Mais ça vaut la peine en crisse, malgré ses quelques défauts. Ça fait rire pis c’est le fun.

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