Brins d’éternité #27

Été/Automne 2010
104 pages

J’ai reçu mon premier Brins d’éternité y a à peu près deux semaines. J’avais hâte de voir le niveau de qualité des textes au programme.

Vu que la revue publie du fantastique, de la fantasy pi de la science-fiction, je commenterai pas tous les textes. Y a des bonnes raisons :
1. mon blogue est dédié au fantastique
2. j’aime pas ni la fantasy ni la science-fiction; ma critique servirait à rien.

Je sais pas trop comment amener ça, facque jva le dire juste demême pi jva passer à autre chose : le cover est affreux.

1. Cendrillon et les sept petits lits, par Jonathan Reynolds :

J’ai été agréablement surpris. La dernière chose un peu sérieuse que j’ai lue de Reynolds, c’est Nocturne. J’ai trouvé qu’y avait beaucoup plus de maitrise dans Cendrillon que dans ses premiers romans. Peut-être aussi qu’y est meilleur dans le genre de la nouvelle, ça je le sais pas. Pour ce qui est du style, ça a pas beaucoup changé. L’auteur joue pas vraiment avec la forme; il raconte une histoire, that’s it. Ce qui est bon, c’est que ce qui est raconté, c’est bad en hostie, ben plus que ce à quoi je m’attendais de la part de Reynolds :

« […] Il n’y a que le corps de maman, à moitié nu, sur le sol. De là, entre ses jambes, émerge un étrange cordon au bout duquel est attaché la plus laide poupée qu’il a vu de toute sa vie, avec la tête fracassée. Juste à côté, le livre de Blanche-Neige est ouvert à la page, toute tachée de son sang, où l’on peut observer un dessin de la chambre des sept nains et de leurs lits.
Vides. »

Ça commence ben un récit, ça. Ensuite un narrateur hétérodiégétique alterne entre deux personnages : François, un foot-fetish qui fait la ride Sherbrooke-Windsor à pied pour ramener les bottes à sa blonde enceinte exilée par ses parents, pi Jacques, le ti-gars du début devenu grand, qui va rejoindre une certaine Geneviève de laquelle y est manifestement séparé depuis un boutte. Au milieu dla nuit, y ramasse François qui faisait du pouce pi on apprend que c’est des amis d’enfance qui se sont pas vu depuis longtemps. Facque rattrapent le temps perdu mais y a quèque chose qui cogne dans le coffre du char. On se rend compte assez vite que c’est la blonde morte de François. Jacques voit sept bébés bleus sortir du coffre pi y se fait couper la gorge, pendant que son ex-ami met ses bottes au cadavre de sa blonde pi entreprend d’y couper les pieds pour les amener avec lui. Fin.

La mort de Jacques m’a laissé un peu perplexe, parce que je pensais que les bébés c’était plus une allégorie de son traumatisme qu’autre chose. L’auteur l’avait plus ou moins annoncé avec la job de Jacques : « – Je suis trop occupé par le travail d’aménagement paysager. Ces temps-ci, je m’occupe du terrain d’un riche : il y a plusieurs vieilles souches d’arbres à enlever. Ces racines-là sont ancrées tellement profondément dans la terre que j’ai de la misère à les arracher… »

« – Ce sont ces maudites racines qui sont dures à arracher… »

J’aime ben le fait que le fantastique ça soit la matérialisation de son traumatisme. Ce procédé-là était déjà en germe dans Ombres, mais là y est mieux maitrisé.

C’est sûr que certains passages sont un peu maladroits parce que trop exclusivement explicatifs. Y a aussi place à amélioration dans la fluidité des dialogues, mais c’est pas ben grave. C’est ben structuré pi dégueu à souhait.

Overall, j’ai ben aimé la nouvelle. La meilleure de ce numéro-là. Big up.

2. Une dernière enjambée, par Pierre-Luc Lafrance :

Un gars qui voit toujours le même monsieur passer devant chez eux à la même heure décide de la suivre pour voir où c’est qu’y va. Y le suit toute la nuit pi se rend compte qu’y a pris sa place. Ça m’a fait penser à la nouvelle La présence désolée, de Thomas Owen. Comme le fait remarquer l’Ermite de Rigaud, c’est pas ben ben original. Mais quand même, ça ma pas gossé vu que c’était assez bien exécuté.

« Des fois, je m’imagine qu’il y a un marcheur comme moi dans toutes les villes, tous les villages. Nous marquons le cours du temps.
Nous sommes le temps.
Celui qui passe. Celui qui fuit.
Le reste du temps, je me dis que je suis le seul. Juste un vieux fou qui marche, encore et encore, sans jamais arriver nulle part. »

On se rend compte que le narrateur s’adresse au lecteur (à nous), pi qu’on va prendre sa place quand y aura fini son histoire. Ben pensé, j’ai trouvé.

3. Le plan, par Michel Gingras :

C’est l’histoire d’une gang de gars dont la job c’est de péter des murs avec des gros marteaux. Y en a un qui défonce un tuyau qui était pas supposé être là qui y a un gaz vert qui en sort. Là tout le monde commence à pas filer pi finalement y deviennent des zombies.
C’est tout. Y manque dequoi à cette nouvelle-là, parce que là y a aucune profondeur. Rien qui fait réfléchir, rien à analyser, rien. Ça laisse de marbre.

Voilà pour la fiction. L’article de Frédérick Durand sur Mario Mercier est intéressant. Ça m’a permis de découvrir un auteur que je connaissais pas, ce qui est toujours le fun.

Verdict : facque sur 3 nouvelles fantastiques, deux en valent la peine. Faites ce que vous voulez avec ça.

Laisser un commentaire