Black Sabbath (I tre volti della paura)

Réalisation : Mario Bava
Scénario : Mario Bava, Alberto Bevilacqua pi Marcello Fondato
Pays : Italie
Sortie : 1963

Black Sabbath est considéré par certains comme étant le meilleur film de Bava, meilleur que Black Sunday pi The girl who knew too much. Peut-être ben. Ça m’a donné envie de le voir. Surtout que j’ai trouvé la version originale italienne, qui a été crissement changée pour sa distribution en Amérique. C’est un triptyque; le film est constitué de trois courts-métrages.

Ça commence avec Boris Karloff sur un fond bleu qui s’adresse à la caméra en disant que les fantômes existent pi qu’y sont peut-être assis dans le cinéma avec nous. On a perdu l’habitude de faire des bonnes intros.

The telephone (Il telefono)

C’est l’histoire d’une call-girl, Rosie, qui se fait appeler pendant la nuit par quelqu’un qui dit la trouve chicks dans sa robe de nuit pi qu’y va la tuer avant l’aube. On découvre que ça serait un gars qui a été crissé en prison à cause d’elle qui veut se venger. Facque elle appelle son amie lesbienne, Mary, avec laquelle elle est en frette on sait pas trop pourquoi. Mais Mary est un peu étrange.

C’est un huis-clos qui préfigure la scène d’ouverture de Scream, 35 ans plus tard : la fille se fait appeler par un gars qui la voit mais elle sait pas y est où. Y l’appelle plein de fois pi elle choke. Le film se passe au complet dans le même appartement, presque tout le temps éclairé. D’ailleurs, encore, Bava joue comme un champion avec l’éclairage. C’est aussi une des premières manifestation du giallo avec, entre autres, le motif du couteau, ou les gros plans sur les bottes du tueur. J’ai ben aimé la construction qui fait qu’on pense que Mary va attaquer Rosie pi que finalement c’est vraiment le gars qui l’attaque. La trame sonore réussit sa job : la musique accompagne vraiment ben les images. Surtout, au début, quand Rosie est toute seule pi qu’elle choke, la seule chose qu’on entend c’est une horloge; ça représente ben l’attente pi le stress du personnage. Pi la scène finale est assez explicite pour l’époque : on voit une fille se faire étrangler avec un bas de nylon pi un gars se faire stabber dans le ventre. Le bout où le tueur s’approche tranquillement de Rosie en la fixant dans les yeux est vraiment bon, y a de la tension pi l’actrice qui fait Rosie a vraiment l’air terrifié. Le dernier plan aussi est cool : un travelling sur les deux cadavres pi le téléphone qui est décroché, tout ça en entendant Rosie pleurer.

The Wurdalak

C’est l’histoire d’un jeune voyageur qui trouve un cadavre avec un couteau dans le cœur pi avec pas de tête. Le gars se rend au village le plus proche, où y est accueillit à la pointe d’un gun par le fils du proprio de la place. Y a aussi son frère, son fils, sa femme pi sa soeur. Y expliquent à Vladimir que leur père, Gorca, est parti tuer un Wurdalak – un vampire qui se nourrit du sang de ceux qu’y aime le plus. Y l’attendent, sans trop savoir si y a été mordu ou pas. Y finit par se pointer, en agissant crissement louche. Tout le monde va se coucher. Pendant ce temps-là, Gorga se pousse dans la forêt avec son petit-fils, pi Vladimir séduit Sdenka pi la convainc de partir avec lui. Mais y trouvent que l’enfant est mort, pi la marde pogne.

Dès la première image, on se dit que ça ressemble crissement aux films de la Hammer : forêts pi ruines sombres dans une lumière lunaire pi personnage voyageur avec une cape. L’atmosphère fait aussi beaucoup penser à Black Sunday. L’histoire est classique mais ben développée : Gorca est trop weird pi est un vraiment cool vampire. Son arrivée à la maison est superbe. Y a aussi le bout où l’enfant, qui a été enterré dans l’après-midi, appelle ses parents pendant la nuit. Le mari convainc sa femme de pas y aller mais elle le stabbe dans le ventre pour aller retrouver son fils. C’est bad à souhait. Les mouvements de caméra sont vraiment cools, genre des longs travelling qui se déplacent entre les personnages. J’adore la fin, qui est super pessimiste : tout le monde finit par être mordu. That’s it.
Y a dequoi d’intéressant dans le fait que le vampire se nourrit d’affection au lieu de volupté. Au lieu d’être associé au sexe, y est associé à l’amour. Ché pas trop quoi tirer de ça.

The drop of water

C’est l’histoire d’une femme, Miss Chester, une infirmière à domicile, qui se fait appeler pendant la nuit pour aller arranger le linge d’une vieille madame qui vient de mourir. Elle est morte en faisant une scéance de spiritisme. Facque Chester l’habille pour le service funéraire. Elle spotte une bague au doigt du cadavre, pi elle décide de la buster. Après ça, y a des mouches sur le cadavre, les yeux se rouvrent pi un bruit de gouttes d’eau se fait entendre. Chester se pousse chez eux. Dans son appart, elle entend des gouttes d’eau pi d’autres bruits bizarres. Pi l’électricité coupe tout d’un coup. Pi là, quelque chose arrive.

Bava dit que c’est son film le plus maitrisé sur le plan technique. Chu d’accord en crisse. L’atmosphère est tellement sick : y a toujours des jeux avec une lumière vascillante, genre la pluie dans une fenêtre, ou une chandelle qui chancelle; y a plein d’éclairages de couleur, aussi : mauve, vert, bleu, rose. C’est vraiment magnifique pi ça préfigure crissement les décors du Suspira d’Argento. Quand l’électricité coupe, y reste juste une lumière bleue qui flanche à travers une fenêtre ovale qui figure un gros œil creepy. Tous les décors pi l’atmosphère sont vraiment oniriques pi suggèrent les perceptions fuckées par la folie du personnage. La scène où le cadavre disparait subitement de la chaise pi réapparait à plusieurs endroits renvoit aussi à un rêve. La face du cadavre est crissement épeurante – même si c’est clairement un masque en cire – pi les plans montrent tout le temps Chester seule dans son appart en train de chercher l’origine des bruits bizarres. On a peur pour elle. Elle finit par s’étrangler elle-même, forcée par la vieille madame. À la fin, on penche pour l’hypothèse de la folie, mais on se rend compte que la bague a été volée par la proprio, qui se met à entendre des gouttes d’eau. Ça finit sur un gros plan du visage du cadavre, les yeux ouverts.

Ensuite, ça enchaine sur la scène la plus absurde au monde : on voit Boris Karloff, habillé comme son personnage dans The Wurdalak, s’adresser à la caméra, comme au début. Y se met `
A rire, y a un zoom-out, pi on voit qu’y est assis sur un faux chevel pi qu’y est dans un studio. Tout ça sur une musique de cirque.

Verdict

Recommandé, mais pour tout le monde. Faut vraiment le cinéma d’horreur pour apprécier ça, parce que y a pas vraiment de suspence pi toute. The drop of water est incroyable pi ça vaut la peine de le voir juste pour ça. Les deux autres shorts sont cools aussi, mais moins.

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