The house of seven gables, par Nathaniel Hawthorne

Édition : Flammarion
Parution : 1851
338 pages

Dans Supernatural horror in literature, Lovecraft décrit le roman de Hawthorne comme étant un fucking chef-d’œuvre. Y parait même qu’y a été inspiré par la maison en question pour quelques nouvelles. Je l’ai lu pour un cours mais ça m’empêche pas d’en faire une appréciation icitte. 4e de couverture :

« Dans une de nos villes de la Nouvelle-Angleterre, le long d’une petite rue, se dresse une maison de bois toute délabrée, coiffée de sept pignons pointus tournés vers différents points de l’horizon, disposés tout autour d’une énorme cheminée…
Cette vénérable demeure m’a toujours fait l’effet d’une physionomie humaine, portant non seulement les traces du soleil et du vent du dehors, mais aussi celles des longues années de vie mortelle dont toutes les vicissitudes se sont écoulées en elle. »

Facque c’est l’histoire de Hepzibah Pyncheon, qui se lève un matin dans la huge maison construite par son ancêtre aristocrate (le colonel Pyncheon, mort subitement le jour de la fin de la construction de la maison) pour ouvrir une boutique de cossins, parce qu’elle a pu de cash – la fortune de la famille est pu ce qu’al était. Le colonel, dans le temps, quèque part au XVIIe siècle, avait busté le terrain d’un gentil monsieur (monsieur Maule) pi y l’avait ensuite condamné à la pendaison pour sorcellerie. Maule y a jeté une curse avant de mourir : « Dieu lui fera boire du sang! ». Depuis ce temps-là, tout le monde pense qu’y a vraiment un sort pas nice sur la famille Pyncheon : un vieux piano qui joue tout seul, des descendants qui meurent mystérieusement en crachant du sang pi un miroir qui avait gardé les images de tous les membres dla famille. Hepzibah pile sur son orgeuil d’aristocrate déchue pi se lance dans le commerce.
Crisse jviens dme rendre compte que c’est pas facile à résumer cette histoire-là. Jva faire de mon mieux.
Y a aussi un jeune photographe un peu socialiste pi étrange (Holgrave) que Hepzibah laisse habiter dans un des pignons abandonnés. Mais un matin, Phoebe, une lointaine héritière Pyncheon qui habitait à campagne, se pointe à la maison aux sept pignons. A va toute changer le vibe dla vieille maison creepy en mettant un peu de vie là-dedans pi en s’occupant du magasin. à peu près en même temps, Clifford, le frère d’Hepzibah, revient chez eux après avoir passé trente ans en prison. Le pauvre est toute décrissé, presque sénile pi à moitié attardé. Mais y retrouve la joie de vivre grâce à la présence de Phoebe. Sauf que le méchant juge Jaffrey Pyncheon, frère de Clifford pi à cause duquel y a fait dla prison, veut y soutirer une info importante sous menace de l’envoyer dans un asile de fous. Bla bla bla, je dirai pas la fin.

Bon. Tout de suite, je spécifie : c’est pas du fantastique, au sens commun du terme. Oui la maison est (un peu) hantée, mais c’est pas ça l’important. On a pas peur en lisant ça. Le fantastique reste en background tout le long, sans qu’on sache jamais vraiment si la curse est réelle ou pas. Les passages où y est question de fantômes pi d’hypnotizage sont jamais présentés comme vrais par le narrateur : toujours par le biais d’une vieille légende ou une histoire dans l’histoire :

« Mais il existait une autre légende à laquelle il est difficile de trouver le moindre fondement, selon laquelle la postérité de Matthew Maule était liée au miroir et par quelque procédé mesmérique avait le pouvoir d’animer ses profondeurs de Pyncheon défunts… »

Facque même le narrateur a pas l’air de croire à ces histoires-là. D’ailleurs, le narrateur, je l’ai crissement aimé, parce qu’y est bizarre un peu : des fois, y décrit juste ce qu’y voit, objectivement, d’autres fois y décrit la psychologie des personnages en détail, fait tout le temps des commentaires comiques qui allègent le récit pi à un moment donné, y écrit la maison pendant la nuit pi se laisse emporter par l’atmosphère creepy. Après avoir décrit une scène de réunion des fantômes de la famille Pyncheon, le narrateur dit ça :

« Cette scène fantastique, seulement suggérée, ne doit vraiment pas être considérée comme un épisode réel de notre histoire ; nous avons été entraîné dans cette courte extravagance par les frémissements du clair de lune qui danse avec les ombres et se reflète dans le miroir qui, comme vous savez, sert toujours de fenêtre ou de porte vers le monde spirituel. »

Y démonte lui-même l’effet qu’y venait de créer. Comme y dit, le fantastique est jamais montré; seulement suggéré.
Le fantastique, dans La maison aux sept pignons, c’est le poids d’une malédiction familiale : toute la famille écope pour la faute de leur ancêtre. C’est dans leurs gènes : une fois toutes les générations, y un nouveau Pyncheon qui ressemble au colonel par son caractère pi son physique. Y a aussi son portrait qui plane sur la maison tout le long du récit. Même si le vocabulaire utilisé est vraiment souvent évocateur du surnaturel, y a jamais d’apparitions ou d’affaires demême. À la fin, on le sait même pas, si c’est vrai ou pas. Même que le narrateur nous donne des arguments en faveur d’une explication rationnelle. Todorov tripperait.

Le style de Hawthorne est crissement beau. Des longues phrases classiques, mais qui finissent souvent avec une pointe d’humour qu’on voyait pas venir. Y se prend pas trop au sérieux. Le premier chapitre en particulier, quand y décrit l’histoire de la maison, est excellent :

« La fin soudaine et mystérieuse du colonel Pyncheon fit beaucoup de bruit à l’époque. Il courut de nombreuses rumeurs, dont certains échos sont parvenus jusqu’à nous, selon lesquels il y aurait eu des signes de violence, des traces de doigts sur sa gorge et l’empreinte d’une main sanglante sur son col plissé ; sa barbe en pointe aurait été hirsute, comme si elle avait été empoignée avec force. On dit aussi que la fenêtre proche du siège du Colonel était ouverte et que quelque minutes seulement avant le fatal incident, on avait vu la silhouette d’un inconnu escalader la barrière du jardin, juste derrière la maison. Mais ce serait folie que de prêter foi à de pareil histoires qui surgissent toujours à l’occasion d’évènements tels que celui que nous venons de relater, et qui, comme ici, se perpétuent parfois pendant des lustres, comme ces champignons qui marquent l’emplacement d’un arbre mort dont le tronc décomposé est depuis longtemps absordé par le sol. »

D’habitude, j’aime mieux lire les auteurs américains en anglais, mais là, j’aurais eu dla misère. Son écriture est d’une clarté pi d’une précision incroyable; on peut vraiment voir ce qu’y décrit pi feeler les personnages. D’ailleurs, Hawthorne est fucking bon pour développer la psychologie de tous ses personnages, surtout Hepzibah. La façon dont y décrit son sentiment de honte par rapport à son nom noble quand a décide de travailler pour se faire du cash est juste trop parfaite. Y est aussi crissement lucide pi y soulève des questions intéressantes :

« Qu’y a-t-il de si pesant dans le Mal pour que, si l’on n’en met que gros comme le pouce dans le plateau d’une balance, celui-ci l’emporte en poids sur la masse d’actions nullement mauvaises empilées sur l’autre plateau ? »

Ou

« Un homme froid et dur, […] peu ou pas porté sur l’examen de conscience, mais tirant son image de soi du reflet qu’il voit dans l’opinion publique, n’arrivera jamais à la connaissance de lui-même à moins de perdre ses biens et sa réputation. La maladie ne l’aidera pas toujours, ni même l’approche de la mort. »

Verdict : recommandé, mais avec une nuance. Ceux qui veulent lire du fantastique épeurant vont être déçus; lisez-le pas, parce que c’est avant tout du réalisme, ce roman-là. Pour ceux qui aiment lire n’importe quoi, tant que c’est ben écrit, lisez-le, ça vaut la peine.

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