The girl who knew too much (La ragazza che savepa troppo)

Réalisation : Mario Bava
Scénario : Mario Bava, Enzo Corbucci, Ennio de Concini, Eliana de Sabata, Mino Guerrini pis Franco Prosperi
Pays : Italie
Sortie : 1963

Je continue mon exploration du cinéma italien avec un autre film de Mario Bava, qui, y parait, serait le premier giallo, ou au moins un proto-giallo. Aux Étas-Unis, le titre c’est Evil Eye. Anyway, c’est en noir et blanc, pis c’est clairement inspiré de The man who knew too much de Hitchcock, un bon thriller en plus d’être comique.

Résumé

C’est l’histoire de Nora, une jeune américaine, fan de giallos (des livres de murder mystery), qui va étudier – ou whatever – à Rome, où elle va habiter chez sa tante. Mais sa tante est malade pis elle meurt pendant la nuit. Affolée, Nora court chez le jeune docteur séduisant – Marcello – qui y avait dit de venir le voir si quelque chose arrivait. En chemin, elle se fait attaquer pis voler sa sacoche, tout en se pétant la tête en tombant à terre. Quand elle reprend ses esprits, elle assiste à un meurtre : une femme se fait planter un couteau dans le dos. Ensuite, un homme vient enlever le couteau pis emmène le cadavre on sait pas où. Sous le coup de l’émotion, elle retombe dans les pommes. Elle se réveille à l’hôpital. Mais ni les docteurs ni la police a l’air de la croire, pis tout le monde dit qu’elle a rêvé. Mais Marcello la croit, pis y prend soin d’elle. Elle est hébergée chez une amie de sa tante, tout près de la scène de meurtre. Rapidement, elle se rend compte que le meurtre qu’elle a vu est lié à une série de meurtres – the Alphabet murders – qui a eu lieu dix ans plus tôt. Le tueur suivait les lettres de l’aphabet; A, B, C, pis le nom de famille à Nora, c’est Davis. Après, elle reçoit des menances de mort pis elle décide d’enquêter sur l’affaire. Elle rencontre un journaliste qui avait investigué dans le temps pis qui pense que le vrai tueur est toujours en liberté. Ainsi de suite, jusqu’à la révélation finale.

Critique

Avant de commencer, faut dire que j’ai regardé The girl who knew too much plus comme un document historique qu’autre chose. Je m’attendais pas à être vraiment stressé par le suspense, même si Bava avait réussit à m’angoisser dans Black Sabbath. D’ailleurs, y a beaucoup de Black Sabbath dans the girl who knew too much : la fille seule dans un appart qui reçoit des appels menaçants (The telephone) pis la vieille qui meurt dans son lit (The drop of water). Mais dans les deux cas, le traitement est meilleur dans Black Sabbath. Anyway.
Le film a commencé à me taper sur les nerfs après une dizaine de minutes. Quand la vieille tante meurt, Nora capote – ce qui est compréhensible – pis elle a de la misère à marcher tellement elle est sous le choc. Ensuite, quand elle se fait pousser à terre, elle tombe inconsciente. Pis quand elle se réveille, elle voit le meurtre, pis retombe dans les pommes. Je veux ben admettre que la vision de la femme a changé depuis 1963, mais quand même, montrer la femme comme une hypersensible incapable de garder son calme, c’est pas cool. Au même titre, l’histoire d’amour est pas crédible. Marcello a le coup de foudre pour Nora, qui, elle, a pas l’air particulièrement intéressée. Mais elle se dit genre « Bah, ok, pourquoi pas. » Ensuite Marcello parle de mariage, comme si la femme avait aucun mot à dire là-dedans.
Mais la scène à l’hôpital, quand personne la croit, est vraiment bonne. Nora est couché dans un lit, pis on voit les docteurs pis les policiers en contre-plongée, ce qui crée un effet de supériorité qui écrase Noa, comme un enfant devant ses parents. Ça suggère qu’elle a pas raison. Ce qui m’amène à un autre point : c’est bien filmé tout le long, comme le long traveling pendant la scène du vol de sacoche, ou la lentille défocusée pour créer un effet subjectif pendant la première scène de meurtre.
La scène finale est vraiment bonne, quand on voit la folie de Laura. C’est ben joué pis creepy, parce qu’elle a l’air solidement fucked up la pauvre.
Sauf qu’y manque d’atmosphère, à mon sens. On sent pas vraiment la tension des scènes de suspence. J’ai passé à travers le film sans jamais m’en faire pour les personnages, ni être particulièrement captivé par l’intrigue. Surtout qu’à part le fait que son nom commence par D, on sait pas trop pourquoi le tueur voulait tuer Nora.
L’élément surnaturel est quand même intéressant, même si y est pas très présent. À part ça, y a d’autres points communs avec les giallos de Argento ou Fulci : la jeune femme à l’étranger, le tueur au couteau, pis la série de meurtres.
Sauf que la toute fin est un peu niaiseuse : c’est suggéré que Nora aurait tout imaginé à cause d’une cigarette de marijuana qu’un étranger lui aurait refilé à son insu. En plus de pas avoir de rapport avec l’histoire, c’est complètement ridicule.

Analyse

Ce qui me semble intéressant ici, c’est le lien clairement établit entre les murder mysteries pis la réalité. Au début, on apprend que Nora trippe sur le genre policier, pis le livre qu’elle lit s’appelle The knife, qui renvoit à l’arme utilisée par le tueur. En plus de la cigarette de pot, y a quelques éléments qui suggèrent que tout le film se passe dans la tête de Nora, qu’elle imagine son propre murder mystery : la voix off, comme si elle narrait pour elle-même sa propre fiction, le fait qu’elle se retrouve sans bonne raison apparente au milieu d’une histoire de meurtre, que toutes les preuves disparaissent, pis aussi le climat de paranoia – personne croit Nora. D’après moi, la scène qui illustre le mieux cette idée-là, c’est celle où Nora a tellement peur toute seule dans la grande maison – qu’on peut considérer comme le reflet de son intériorité – pis qu’elle installe des pièges pour se protéger du tueur (des trucs qu’elle a pris dans des romans policiers, en passant) : elle met de la poudre de talc pour voir les traces de pas pis elle utilise une fucking longue ficelle pour tisser un réseau de fils qui bougent si quelqu’un réussit à entrer. La maison est pleine de fils qui empêchent Nora de se déplacer comme elle veut. Ça reflète bien son état d’esprit, tendu pis tourmenté. De cette façon-là, elle s’enferme à l’écart du monde, seule dans sa tête. Finalement, elle voit une ombre par la fenêtre. Elle pense que c’est le tueur, mais c’est juste un policier. Quand y entre, les fils bougent pis décâlissent tous les bibelots. La réalité la rattrappe en faisait éclater ses fabulations. Si on suit l’idée que l’espace extérieur (la maison) reflète l’espace intérieur (Nora), on peut voir la pièce fermée à clée comme un aspect caché de la personnalité de Nora. Cet aspect-là, c’est peut-être juste la découverte de la sexualité; l’intrigue du meurtre se dénoue en même temps que l’intrigue amoureuse se concrétise. On peut voir le couteau du tueur comme un motif phallique, pis le fait que les victimes sont toutes des femmes renforce cette idée-là. Y a un lien entre contact sexuel pis agression physique, qui sont comme mélangés dans l’imagination de Nora. Le film finit par la prise de conscience que Laura – qui ressemble phonétiquement à Nora – est pas qui elle prétendait être, au même titre que Nora voit son désir sexuel monter en elle, alors qu’elle ne savait pas qu’il faisait partie de sa personnalité. De jeune fille virginale, elle passe à jeune femme sexualisée.

Verdict

Pas recommandé, sauf pour ceux qui sont curieux de voir les racines du giallo. Ça a pas très bien vieillit, même si c’est super bien filmé pis toute. Pas le meilleur de Bava.

Une Réponse to “The girl who knew too much (La ragazza che savepa troppo)”


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