Let the right one in (Låt den rätte komma in)

Réalisation : Tomas Alfredson
Scénario : John Ajvide Lindqvist, d’après son propre roman
Pays : Suède
Sortie : 2008

Je pense pas que ce film-là ait besoin d’être présenté, après l’enthousiasme qu’y suscite dans le milieu de l’horreur depuis sa sortie en 2008. Je m’en rappelle, y a trois ans, je me demandais quand y allait sortir au Québec. Pi quand je l’ai vu au Vidéotron, je l’ai loué tout de suite. Anyway, j’avais gardé un bon souvenir, pi je l’ai regardé récemment parce qu’y passait à ArtTv – en français, facque ça s’appelle Morse, ce qui est quand même mieux que Laisse la bonne personne entrer.

Résumé

C’est l’histoire de Oscar, un petit gars bizarre pi persécuté à l’école. Y trippe sur les couteaux pi quand y est tout seul y s’imagine en train de poignarder du monde. Y remarque un vieux monsieur pi une petite fille étrange, Eli, qui viennent de déménager dans l’appart d’à côté de chez eux. Y la croise dans le jeu de la cour de son appart pi y devient ami avec elle. Elle dit à Oscar de pas se laisser faire pi de se défendre quand y se fait écoeurer. Sauf que Eli, c’est un vampire. Quand le monsieur qui est avec elle réussit pas à ramener du sang, elle doit aller s’en trouver elle-même. Les meurtres s’empilent pi les bullys de Oscar décident de se venger sur lui après qu’y les ait frappé.

Critique

Crisse que c’est bon, sérieux.
Visuellement, c’est parfait. Tous les plans sont cools, surtout celui avec le caniche. C’est souvent des plans fixes, parfois un peu croches pi toujours crissement ben équilibrés. Vu que ça se passe en hiver, pi surtout la nuit, le film est sombre, presque en noir et blanc. Y a du rouge presque dans chaque scène, ce qui donne un effet pi une cohérence interne un peu à la Don’t look now.
L’autre affaire sick, c’est les dialogues. Jamais quétenne genre Twilight; c’est crissement beau pi triste pi émouvant, sans tomber dans l’évidence ou le gros pathos sale. À la deuxième écoute, on est vraiment tristes pour le vieux monsieur vu qu’on sait ce qui va y arriver. La scène la plus belle, c’est quand Oscar avertit Eli que le gars est à veille de la tuer pi que elle le tue. Après, alors qu’elle est pleine de sang, elle va serrer Oscar dans ses bras en y disant Merci. C’est tout, mais c’est beau.
Les deux enfants acteurs font une job incroyable. Quand on pense que des acteurs riches comme J-Lo sont même pas capables de jouer comme eux. Kåre Hedebrand personnifie vraiment ben le personnage bizarre de Oscar, pi on sent toute la mélancolie de Eli dans la performance de Lina Leandersson.
Même si, overall, Let the right one in tient plus du drame que du film d’horreur, y a quand même quelques éléments gore : la scène au tout début où le gars égorge sa victime pour récolter le sang, ou ben l’acide dans la face. Même si c’est pas du gore comme dans Kill Bill ou Thirst, c’est quand même écoeurant, surtout à cause du son. On entend comme la succion pi on sent l’épaisseur du sang qui tombe dans le fond du contenant de plastique. À part ça; la scène des chats est efficace même si elle frôle le ridicule, pi la vampire qui pogne en feu, ça, c’est crissement réussi.
Le rythme est lent pi reflète bien l’espèce d’ennui de Oscar, tout comme la vie interminable de Eli. Le décor enneigé ajoute aussi à l’effet d’immobilisme qui donne un effet poétique au film. La fin est pas vraiment originale, mais, personnellement, j’étais content que ça finisse demême pour Oscar pi Eli. C’est rare qu’un film me fait carer comme ça pour ses personnages.

Analyse

Après la réécoute, j’ai remarqué quelques affaires, mais sans en tirer des conclusions satisfaisantes.

D’abord : pendant tout le film, la couleur rouge représente Eli par métonymie. Par exemple, quand Oscar frappe le petit gars avec la perche rouge (c’est Eli qui lui avait dit de le frapper). C’est aussi la même perche qui a servit au vieux monsieur pour faire caler le corps dans l’étang. D’ailleurs, Oscar frappe le petit gars au même moment où les enfants trouvent le corps gelé dans la glace. On peut aussi penser au chandail rouge que Oscar porte quand y va chez son père; l’ami de son père interromp leur game de tic-tac-toe pour boire du fort. Pendant que Oscar est délaissé par son père, y porte un chandail rouge qui évoque Eli pi le confort qu’elle lui procure.

Ensuite : Au début, Eli est persécuté par d’autres élèves pi y se défend pas. Sauf que quand y est tout seul, y rêve à tuer quelqu’un avec son couteau (« Crie! Crie! », chose que lui rappelle Eli quand y lui reproche de tuer du monde). On peut voir le couteau comme un symbole phallique; Oscar aspire à la virilité mais l’atteint pas. Pour ça,y va falloir que Eli y dise de répliquer. C’est elle qui lui redonne un peu de courage, de virilité. Peut-être aussi qu’elle lui redonne le côté sauvage qui est présent dans tout le monde, surtout les vampires.

Enfin : Malgré l’âge avancé pi la maturité de Eli, ses rapports avec Oscar passent par le Jeu, en tout cas y me semble. Au début, quand Oscar demande à Eli, qui est debout sur un espèce de structure métallique de parc pour enfants, si elle vit ici, elle répond « Je suis là, perché sur ce truc. » C’est là qu’y vont se rencontrer après ça, pi c’est là que Oscar montre à Eli comme ça marche un Cube Rubik. Y a aussi le morse, qui est une façon de communiquer, mais aussi une sorte de jeu pour les enfants. Le morse vient donc montrer que la communication entre Eli pi Oscar passe par le jeu, qui leur permet de tisser des liens. On voit ça aussi quand, après que son père ait arrêté de jouer au tic-tac-toe, Oscar s’en va en faisant du pouce. Sans le jeu, y a pu d’interractions possibles.

Si vous avez vu autre chose, envoyez. Ça va me faire plaisir de discuter de tout ça.

Verdict

Recommandé, mille fois. C’est rare qu’un film laisse une impression comme ça. C’est visuellement magnifique, les dialogues sont touchants pi les personnages attachants. C’est du crisse de bon cinéma. Un de mes meilleurs films d’horreur, à placer à côté du Shining de Kubrick pi du Nosferatu de Herzog.

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