Black death

Réalisation : Christopher Smith
Scénario : Dario Poloni
Pays : Royaume-Uni, Allemagne
Sortie : 2010 au Royaume-Uni, 2011 en Amérique du Nord

J’ai remarqué quelque chose : dans le monde du cinéma d’horreur, on considère comme des films d’horreur des films pas d’horreur mais de réalisateurs qui sont renommés dans le milieu. Par exemple : Adam Green avec ses Hatchet. Y réalise Frozen, que toute la communauté de l’horreur a vu pi aimé. Si ça c’est de l’horreur, pourquoi pas 127 hours ? Danny Boyle a réalisé 28 days later, quand même. Même chose avec Christopher Smith : la succès de Triangle fait qu’on va regarder Black death comme si c’était un film d’horreur. Mais bon, je chiale pour chialer. J’avais quand même envie de le regarder Black death, pour voir si c’était aussi bon que tout le monde le disait.

Résumé

En 1348, pendant la peste en Angleterre, un soldat à la solde de l’Église, Ulric (nom médiéval par excellence, pi joué par Boromir lui-même), est envoyé investiguer à propos d’un village qui est pas touché par la peste pi qui est réputé avoir fait un pacte avec les forces du mal pour éviter la maladie. Y engage un jeune prêtre, Osmund (le même gars pi le même rôle que dans The pillars of the earth). Osmund, malgré sa foi, a quand même une blonde, qu’y a envoyé se réfugier dans la forêt pour éviter la peste. Anyway : y les guide jusqu’au village, où y sont chaleureusement accueillis par les habitants, qui sont quand même un peu louches, vu que les derniers soldats qui ont été envoyés sont pas revenus. On remarque assez rapidement que le village a délaissé le dieu des chrétiens pour se livrer à des rituels païens, ce qui les sauverait de la peste, supposément envoyée par Dieu pour punir les hommes. Ulric veut tuer les hérétiques, les hérétiques veulent tuer Ulric; Osmund, lui, veut juste retrouver sa blonde, même si y doit renier Dieu pour ça.

Critique

On a pas un film fantastique ici. L’horreur flotte dans l’air pi dans la tête des gens superstitieux, mais y a rien de vraiment surnaturel, à part la bêtise humaine. Mais on se lancera pas là-dedans.
Ça saute aux yeux dès le début : toute l’horreur pi la crasse du Moyen-âge pi de la peste sont vraiment ben rendues. On se sent sale pi inconfortable juste à le regarder. Tout le contraire d’un film similaire mais pourri, Season of the witch.
Visuellement, c’est assez beau; l’atmosphère est vraiment inquiétante du début à la fin, avec de la brume en masse pi de la pluie battante. Ça rappelle un peu Valhalla Rising, mais en moins beau, évidemment.
Sean Bean est parfait dans le rôle d’un chevalier brainwashé par l’Église. Le personnage est pas nuancé du tout, ce qui facilite un peu la tâche à Bean qui se concentre sur son look badass, réussit à merveille. Eddie Redmayne, lui, fait aussi une bonne job pour incarner Osmund, malgré sa voix de Batman qui me tappait un peu sur les nerfs. La scène, au tout début, dans laquelle y retrouve sa blonde qui le pensait mort est assez réussie pi émouvante. Bien jouée, bien dialoguée. J’ai moins aimé le personnage de Langiva, l’espèce de prêtresse trop blonde pi trop Galadriel-esque.
La caméra nerveuse fitte vraiment ben avec l’ambiance de danger pi de menace qui plane sur tout le film. On sait jamais quand y va se passer dequoi pi on est tout le temps sur le qui-vive. Pi les scènes d’actions sont quand même cools pi très violentes : la décapitation à l’épée pi la morsure à la jugulaire sont malades. Sans oublier l’écartèlement – même si y faisait un peu trop Mel Gibson pi « Freedooooooom! ».
L’espèce de twist à la fin était pas nécessaire, à mon sens. Ça fait trop punch plogué. Mais la séquence qui suit est sick, quoiqu’un peu maladroite. Cette fin-là est excellente mais un peu boiteuse sur le plan formel. Crissement pessimiste, elle remet en question l’interprétation qu’on fait du film tout en rachetant les quelques moments longuets de la deuxième moitiée.

Analyse

Black death m’a fait l’impression d’un Season of the witch réussit. En plus de se passer au Moyen-âge pi pendant la peste pi de partager les thèmes de sorcellerie pi de superstition, les deux films présentent une réflexion – très maigre dans le cas de Season of the witch – sur la foi. Dans ce film-là, la réflexion passe par le personnage principal (Nicholas Cage) qui réalise que l’Église y demande de tuer aveuglément en son nom. Dans Black death, la réflexion se fait pas dans les personnages, mais plutôt sur le spectateur. Le scénario nous présente les excès du discours religieux dogmatique, mais aussi ceux de l’hérésie qui hésite pas de tuer pour sa « liberté ». Le film prend pas position, il montre : sous la torture, ni les chrétiens ni les hérétiques renient leur dieu. Leur foi est aussi forte même si chacun considère celle de l’autre comme sacrilège. C’est à nous de conclure.
On peut quand même voir que les personnages chrétiens vivent dans une constante culpabilité, étant donné qu’y pensent que la peste est une punition de Dieu. On peut penser à la scène où sa blonde de Osmund y demande d’une voix vraiment angoissée si c’est de sa faute, la peste. L’Église est présentée assez négativement, son pouvoir étant basé sur la peur pi la culpabilité des croyants. L’Église est aussi porteuse de mort, quand on se rend compte à la fin que Ulric est touché par la peste pi qu’y l’a emmenée au village. D’une certaine façon, c’est un genre d’anti-prophète.
La blonde de Osmund est une figure virginale, avec son cheval blanc pi toute. Quand y la perd, y perd sa vraie foi pour tomber dans la barbarie pi la vengeance pseudo-motivée par l’Église.

Verdict

Recommandé, même si c’est pas aussi bon qu’on le dit. Sur l’échelle des films récents qui proposent une réflexion sur la foi dans un contexte médiéval, Season of the witch comptant pour zéro pi Valhalla Rising pour 10, je donne un beau 7 à Black Death, pour sa violence, son atmophère pi son pessimisme.

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